Revue de littérature comparée, no 01, 2022
Revue de littérature comparée, no 01, 2022
Collectif  
  • Éditeur : Klincksieck
  • Collection : Revue littérature comparée
  • EAN : 9782252046661
  • Format : Revue & périodique
  • Pages : 128
  • Prix : 58,95 $
  • Paru le 14 novembre 2022

Piotr SNIEDZIEWSKI, Ennui, dépression et désespoir : Michelet sur Dürer, chauve souris et soleil noir

Cela peut paraître surprenant, mais dans la France du XIXe siècle, la gravure Melencolia I d’Albrecht Dürer a été analysée avec la plus grande finesse, non par des poètes ou des critiques d’art, mais par l’historien Jules Michelet. Pour Michelet, la gravure de Dürer était distincte | elle a transgressé les limites rigides d’une œuvre d’art et annoncé — par la métaphore du soleil noir — des expériences de tristesse et de mélancolie faisant partie de l’histoire allemande. Alors que Michelet, dans son interprétation du travail de Dürer, suit inévitablement les traces d’autres critiques du XIXe siècle, il formule également des questions et des idées originales. Les deux textes de Michelet sur la Melencolia I de Dürer démontrent que l’historien français était vraiment original dans ses tentatives d’interprétation. Le premier texte est un fragment du récit dans lequel Michelet décrit son voyage en Allemagne en 1842 | le deuxième texte se trouve dans le huitième volume de son œuvre monumentale Histoire de France.

Ping DU, Perte et déformation : points de vue sur les femmes dans le voyage interculturel de Xiyou Ji - Une étude de cas de la traduction anglaise de Waley Monkey

Xiyou Ji (Voyage vers l’ouest) relate la véritable histoire du voyage de Hsuantsang (Tripitaka) en Inde à la recherche des Saintes Écritures, et l’histoire elle-même ne peut se passer de la communication et de la diffusion interculturelles. Xiyou Ji crée une série de personnages féminins uniques : des femmes mortelles, des enchanteresses et des déesses, qui jouent un rôle indispensable dans le développement de l’histoire. Cependant, dans la traduction anglaise de Waley, Monkey, qui est la plus largement répandue et acceptée en Occident, ces images féminines ne peuvent échapper au destin in « absentia » dans le voyage interlinguistique et interculturel, et les images et les points de vue culturels traditionnels chinois sur les femmes qu’elles véhiculent ou impliquent sont « perdus » ou « déformés ».

Philippe MET, De La Poupée sanglante aux Mains d’Orlac : la greffe et l’automate au prisme de l’adaptation

La présente étude se penche sur l’intersection de l’art et de la science, ainsi que sur l’ambiguïté genrée, se cristallisant en la figure de la créature artificielle, à partir de deux exemples classiques français, diversement adaptés à l’écran : La Poupée sanglante/La Machine à assassiner (1923/24) de Gaston Leroux, roman devenu mini-série télévisée en 1976 grâce à Marcel Cravenne | Les Mains d’Orlac (1920) de Maurice Renard, porté au cinéma notamment par Robert Wiene (Orlacs Hände, 1924) et Karl Freund (Mad Love, 1935).

Katherine ASHLEY, Une double existence : le cas étrange des deux Jekyll français

Cet article trace l’histoire des deux premières traductions françaises du roman Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson et fait valoir les raisons historico-littéraires qui font que cette histoire de doubles incontestablement ancrée dans une tradition littéraire écossaise fut en mesure de remplir des rôles très distincts dans l’histoire littéraire française. L’article démontre que la traduction de Jules-Paul Tardivel, publiée au Québec en 1887-1888, découle d’un débat sur la moralité religieuse à la fin du dix-neuvième siècle, tandis que la traduction de Mme Berthe Lowe, publiée par Plon en 1890, participe à un débat sur la modernité artistique à un moment où le champ littéraire français était en pleine crise esthétique.

Anthi-Danaé SPATHONI, Du texte à l’image — et retour. Cy Twombly et Homère

Dans la longue tradition d’ut pictura poesis, les artistes favorisent le dialogue de la poésie avec la peinture et mettent en relation le texte avec l’image. Les peintres s’inspirent des textes littéraires qui leur servent de source pour leurs œuvres picturales. Une relation intéressante se développe : la transposition d’une œuvre (A), le texte, à une autre œuvre (B), la peinture. Cet article montrera que ce transfert (A->|B) décrit une relation dialectique qui fonctionne dans les deux sens (A <|->| B), c’est-à-dire que l’œuvre (B) revient à son œuvre de référence (A) en la complétant et l’enrichissant. L’analyse de la série Fifty Days at Iliam (1978) de Cy Twombly et son rapport à l’Iliade d’Homère nous permettront d’étudier le passage du texte à l’image et ainsi de montrer les nombreuses affinités des peintures avec le poème épique. Dans une deuxième étape, nous développerons ces relations dialectiques afin de revenir au texte source et tenter de mieux comprendre les correspondances complexes créées entre deux œuvres d’art.

Gabrielle BONNET, Présence caribéenne dans la littérature afropéenne d’expression française

Les échanges économiques, politiques et culturels entre l’espace caraïbe et le continent africain sont anciens. Si les recherches étudiant la représentation de l’Afrique dans les littératures européennes, ou inversement de l’Europe dans les littératures africaines, sont nombreuses, celles abordant un point de vue transversal, d’ancienne colonie à ancienne colonie, sont plus rares. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire d’aborder la question de la « présence » des Caraïbes dans la littérature afropéenne contemporaine, sur les plans thématique et esthétique. Cet article traite ainsi de l’influence de l’imaginaire caribéen sur trois auteurs et autrices afro-descendants d’expression française : Léonora Miano, Alain Mabanckou et Edem Awumey.




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