Je suis le monde qui me blesse
Je suis le monde qui me blesse
Journal intégral 1976-1985
George, Raphaële  
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877041805
  • Format : Broché
  • Pages : 176
  • Prix : 44,95 $
  • Paru le 26 juin 2017

Le coeur de l’oeuvre de Raphaële George se trouve dans son journal. C’est ici qu’elle prépare sa fiction, qu’elle tisse son imaginaire. Il ne s’agit pas d’un journal de diariste, plutôt d’une réserve d’écriture ; réserve dans le sens d’espace clos et protégé, favorable à la prolifération d’une vie autonome. Comment sortir du monde du sommeil ? À qui se confier ? Au journal, et ce n’est pas tout à fait à soi-même. Le journal est un lieu de l’écriture du deuxième corps, du secret. Raphaële George en extrait des fragments, éclats de confession invisible dont elle compose ses livres, elle qui semble si mal à l’aise avec l’idée même de composition. On ne peut pas être seul au monde, contrairement à l’écriture. Raphaële George écrit son incapacité à la solitude. Il y a chez elle une trop grande part de silence. Une tristesse sans objet. La tristesse de la tristesse. La fatigue, comme état. Et une difficulté d’accéder au présent – prise dans la marge du rêve. Toute son écriture touche verticalement au fond de la douleur, même la joie. C’est sa charge tragique. Raphaële George semble empêchée par le monde, qui apparaît comme une interruption du monde intérieur. Inventer, c’est pour elle faire en sorte que le rêve et la vie se confondent au mieux de leur superposition. Que la différence s’efface au travers des de leurs calques. Imaginer, c’est croire que l’on pourrait vivre dans cette construction, c’est rendre habitable l’imaginaire, et s’aménager un ventre de repli, une fiction indéniable. Les mots sont une maison, un lieu ailleurs, un lieu possible. Raphaële George est une fiction, un personnage imaginaire. L’invention la sauve, l’échafaudage de la fiction ouvre une seconde réalité dans laquelle il devient possible de se glisser, par le seul fait de croire. Changer son identité, c’est rejoindre la fiction, c’est se fondre au rêve. À l’inverse d’une dissociation, au contraire dans une démarche volontaire et consciente, faire le choix de la fable pour se raconter, comme pour contester à la réalité le pouvoir de la narration. Elle change de nom – puisqu’on ne peut changer d’être – et nommer c’est créer. Raphaële George, qui cherchait un état où elle ne serait ni séparée, ni blessée, est au fond le grand roman rêvé de Ghislaine Amon.

AUTEUR(S)

Raphaële George (de son vrai nom Ghislaine Amon), est née le 2 avril 1951 à Paris. Son premier livre, Le petit vélo beige, paraît en 1977 aux éditions de l’Athanor. Suivent de nombreuses publications en revue (sous le nom de Gislaine Amon ou celui de Laure Slausky) ainsi que des articles de critique littéraire dans le journal Libération. Elle fonde la même année la revue Les Cahiers du double avec Mireille Andrès, Patrick Rousseau et Jean-Louis Giovannoni, qu’elle dirige ensuite avec ce dernier jusqu’en 1981. Parallèlement à ses activités littéraires, Raphaële George développe une oeuvre de peintre et expose fréquemment seule ou en groupe. Elle met en chantier, en 1978-79, avec son ami peintre Vincent Verdeguer, plusieurs fresques murales éphémères, faites à deux sur les murs des entrepôts de Bercy à l’abandon à cette époque. Certains de ses travaux sont conservés dans les Fonds d’Art Contemporain de la Ville de Paris. Le 6 mars 1984, Ghislaine Amon décide de changer de nom d’écrivain et de ne plus signer, désormais, que sous le nom de Raphaële George. Elle publie Les Nuits échangées suivi de l’Éloge de la fatigue aux éditions Lettres Vives en 1985. Elle décède le 30 avril 1985. Paraîtront à titre posthume Psaume de silence en 1986 et Double intérieur en 2014 aux éditions Lettres Vives, ainsi l’Absence réelle, écrit avec Jean-Louis Giovannoni, aux Editions Unes.




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