Simenon et la justice
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L’oeuvre de Simenon parle de justice. En tant qu’institution tout d’abord, les auteurs s’intéressent à la façon dont l’auteur belge a donné une description, le plus souvent très sévère, du personnel judiciaire : juges et procureurs mais aussi avocats ont droit généralement au même traitement, eux qui appartiennent à la même classe sociale et font partie du même système. Le criminel, chez Simenon, est un homme qui dévie, un « homme à failles », qui tente de franchir la ligne qui le limite, en même temps qu’elle le détermine. Étrangers le plus souvent à leur crime, ces héros malheureux le sont encore plus face à ce qui se joue dans une salle d’audience. En manque de reconnaissance, humiliés, coupables, ils étouffent dans l’incommunicabilité. Pour Simenon, n’importe quel homme peut devenir un meurtrier mais nombre de ses personnages semblent pourtant déterminés vers une mort inscrite à l’avance, ou vers un crime qu’ils ne peuvent pas ne pas commettre. Au principe selon lequel il faudrait « comprendre et ne pas juger », Simenon ajoute celui selon lequel on peut à la fois absoudre ou condamner… Le commissaire Maigret se pose ainsi comme critère du juste, alors pourtant qu’il s’en défend vaillamment ! Pour Simenon, le système judiciaire n’est pas à même de porter un jugement, car il ne possède de l’homme qu’une vision réductrice.
Christian Guery est magistrat, ancien maître de conférences à l’École Nationale de la Magistrature. Il est l’auteur de plusieurs centaines de chroniques de droit pénal ou de procédure pénale et a publié chez Dalloz plusieurs ouvrages : Détention provisoire (2001), Droit et pratique de l’instruction préparatoire (9ème éd. 2015), Guide des audiences correctionnelles (avec B. Lavielle, 2013). Il s’est aussi intéressé aux rapports de la justice et du cinéma et a publié : Justices à l’écran, PUF, « Questions judiciaires », 2007 et Les avocats au cinéma, PUF, « Questions judiciaires », 2011.
Alexandra Fabbri est ancien professeur de philosophie, magistrat. Elle est notamment l’auteur de : « Je suis l’enfant qui joue », interview de Jacques Vergès, Cahiers de la justice n° 3, 2008 ; « Les sept passions de Jacques Vergès. En marge du film « L’avocat de la terreur », Cahiers de la justice n° 3, 2008 ; « Marguerite Duras et l’affaire Grégory : la folie par les collines… », dans La chronique judiciaire. Mille ans d’histoire, AFJH, La documentation française, collection « Histoire de la justice » ; « Abraham Lincoln : un avocat pour l’histoire » (avec Ch. Guéry) (Sur Young Mister Lincoln de John Ford), Les cahiers de la justice, 2011/1.
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