Pharmacie à livres (La)
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Les douze nouvelles de l’étonnante Pharmacie à livres et autres remèdes contre l’oubli naviguent avec aisance entre le passé et le présent. Dans un style riche, éloquent et toujours très accessible, Claude La Charité donne voix à un narrateur anachronique, à la fois complètement ancré dans la Modernité et attiré par les vieux livres, les grands penseurs et l’architecture d’autrefois. Né dans des circonstances qui auraient pu être dramatiques (« Le mystère de la nativité »), un trentenaire vit les expériences du quotidien avec un recul et un sens de l’observation étonnants. Amoureux d’Alanis, il quitte la Chaire de recherche en télékinésie de l’Université du Grand Manitou et devient videur de boîte de nuit (« Le ballerin »). La relation était vouée à l’échec, il part s’installer près du fleuve, où une autre université lui offre un poste. Mais les relations entre les humains ne sont pas toujours simples, même entre les murs des institutions du savoir (« La formalité »). Ce Claude qui frôle la mort dans un accident d’auto (« La tortue sur le dos ») n’est véritablement heureux que parmi les archives et les reliures anciennes. Lorsqu’il fait l’acquisition d’un ancien presbytère de l’arrière-pays (« À l’ombre du clocher »), on espère spontanément le lien qui pourrait se tisser entre lui et le poète qui, devenu aveugle, s’est réfugié au village de son enfance, là où l’amour des livres lui vint par l’entremise de Marie-Reine, l’instigatrice d’un projet de bibliothèque (« La pharmacie à livres »).
C’est finalement la fin tragique d’une grossesse tant espérée qui rappelle au lecteur que le présent l’emporte sur le passé, que le corps ne peut se faire oublier et que l’amour, celui de Zabeth, peut adoucir bien des malheurs (« Les limbes »). Au coeur de ce recueil de nouvelles, comme un pivot spatiotemporel, s’installe un dialogue entre le narrateur et Érasme, entre les inquiétudes de l’un et l’émerveillement de l’autre. Dans la Maison d’Érasme, un Moderne foule du pied le passé et s’y plonge sans retenue. Cet écho du passé autorise également un jeu de miroir entre Hubert Aquin et le comte Potocki, dans une nouvelle dont l’efficacité n’a d’égal que la profondeur (« L’art de mourir »).
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
