Eden Motel
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Je m’endors au bout de la terre, là où se saoulent les monstres et où le soleil vomit. Je m’endors bien médicamenté, comme un dieu du 21e siècle.
Après avoir liquidé tous ses avoirs, un homme prend le volant et roule jusqu’au bout du monde, quelque part « près de la frontière Canada-Mexique ». En panne d’essence, épuisé et gavé de pilules diverses, il échoue à l’Eden Motel. Ce qui ne devait être qu’une brève suspension de sa fuite en avant se transforme en halte prolongée parmi les autres résidants du motel : un ex Navy Seal qui plonge tout habillé le soir dans l’océan pour revenir au matin nu comme ver ; un ancien concessionnaire automobile qui découpe en menus morceaux sa rutilante Cadillac ; une femme de chambre astrophysicienne, magnifique et tourmentée ; une troublante sirène en mal d’amour ; une jeune mariée terrorisée ; un routier victime d’un terrible accident. À cet éventail d’âmes perdues se greffe un enfant albinos maltraité par les propriétaires des lieux, un vieux pourrissant gorgé de Viagra et sa lubrique soeur jumelle.
Philippe Ducros porte à travers l’univers décalé de l’Eden Motel un regard sans concession sur la faillite du rêve américain et ses multiples avatars. Les hommes et les femmes qu’il dépeint se débattent comme des mouches engluées sur une toile d’araignée, cherchant l’accalmie dans l’alcool, la drogue, les médicaments « qui font du bien » ou la pornographie. Leurs souffrances et leurs motivations sont certes les moteurs de leurs actions, mais ils demeurent néanmoins capables d’empathie et de sacrifice. Ces migrants de l’intérieur, déracinés et errants, finissent par former une communauté qui saura faire face aux tragédies les plus dévastatrices. Sur fond de déversement pétrolier et de migration illégale se déploie une fresque humaine d’une âpre beauté.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
