Mille fois Compostelle
Mille fois Compostelle
Pèlerins du Moyen Âge
Rucquoi, Adeline  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Realia
  • EAN : 9782251338415
  • Code Dimedia : B0001609
  • Format : Broché
  • Thème(s) : GÉOGRAPHIE & TOURISME, RELIGION & SPIRITUALITÉ, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Christianisme, Espagne, France, Histoire & géographie, Moyen Âge
  • Pages : 450
  • Prix : 45,95 $
  • Paru le 19 janvier 2015
  • Statut : Disponible, 2 à 4 semaines
  • Code de recherche: MILFOC
  • Groupe: Sc. humaines - Revues et divers
  • Date de l'office: 15 janvier 2015
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782251338415

Le pèlerinage à Compostelle, un moment-clé de la vie quotidienne au Moyen Âge

"Le diable est allé mille fois à Compostelle" assuraient à leurs ouailles les prédicateurs parisiens du XIIIe siècle, inquiets de constater la multiplication des départs de leurs paroissiens, et désireux de les détourner de leur intention en leur montrant qu'ils pouvaient faire leur salut en restant chez eux.
Mais ces mises en garde eurent peu d'effet. Depuis l'annonce, au milieu du IXe siècle, de la découverte du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur au "bout de la terre", dans le finis terrae de l’ancienne Gallaecia romaine, les pèlerins prenaient la route qui les menaient à Compostelle. Les textes écrits et diffusés depuis le siège apostolique d’Espagne au XIIe siècle contribuèrent à ériger le sanctuaire au niveau de ceux de Jérusalem et de Rome. Les trois pèlerinages majeurs de la Chrétienté occidentale permettaient ainsi aux pèlerins de retourner aux sources du christianisme en Terre Sainte, Jérusalem étant identifiée à saint Jean l’Évangéliste et à la charité, de visiter le siège de l’Église militante à Rome, identifiée à saint Pierre donc à la foi, et d’aller vers le futur à Compostelle, saint Jacques personnifiant l’espérance.
Les auteurs des documents médiévaux ne se souciaient pas de dénombrer de façon exacte et mathématique leurs contemporains; ils préféraient mentionner les "foules nombreuses" ou les “milliers de combattants”, et transmettre ainsi l’impression, la sensation, plus que la réalité chiffrée. Mais même en tenant compte de l’hyperbole qui accompagne souvent les descriptions, il est indéniable que des milliers et des milliers d’hommes et de femmes prirent au Moyen Âge la route vers l’un des trois sanctuaires ou les trois, une fois ou plusieurs fois dans leur vie, et que ce voyage devint parfois une coutume familiale.
Il faut donc voir dans le pèlerinage l’une des réalités quotidiennes de ceux qui vécurent en Occident au Moyen Âge. Les trois pèlerinages ne sont cependant pas semblables.
Le voyage en Terre Sainte demandait un lourd investissement en temps et en argent, ainsi qu’une prise en charge, à Venise d’abord, puis sur place, par les franciscains à partir du XIIIe siècle, dans la mesure où les lieux saints étaient en territoire musulman et soigneusement contrôlés; de plus, le voyage en Terre Sainte n’avait pas toujours été pacifique, et l’espoir de récupérer ces lieux pour l’Église chrétienne grâce à une croisade resta fermement ancré dans l’esprit des Occidentaux jusqu’aux débuts de l’époque Moderne.
Le voyage à Rome était un pèlerinage aux lieux du martyre de nombreux saints, notamment des saints Pierre et Paul, et de tous ceux dont les reliques étaient vendues sur place à bon prix, mais Rome était aussi le siège de la papauté et bien des séjours avaient pour but l’obtention d’une faveur, d’un privilège, d’une nomination ou d’une confirmation pontificales.
Rien de tout cela n’existait à Compostelle où le pèlerin se rendait à son gré, au moment et suivant le chemin qu’il désirait, et n’était attendu au terme de son voyage que par saint Jacques, l’apôtre de l’espérance.
Depuis quelques décennies les études se sont multipliées sur le pèlerinage à Compostelle, faisant suite à celles qui avaient occupé pendant des décennies les spécialistes de la Terre Sainte. Il est ainsi possible de tracer les expériences quotidiennes de ceux qui, riches ou pauvres, femmes ou hommes, membres du clergé ou condamnés par la justice, prirent un jour la route vers le finistère de l’Europe où reposait saint Jacques.




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