Transaction
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Jean-Claude Lebensztejn propose ici, avec ce court texte amplement illustré, le premier ouvrage jamais consacré à un monument hors du commun : l’Oïkema que l’architecte Nicolas Ledoux avait prévu de réaliser dans sa cité idéale de la ville de Chaux.
« Le bordel idéal que Ledoux a imaginé sous le nom d’Oïkema a divisé les esprits. Certains comparèrent l’éducation de l’Oïkema à la libération sexuelle prônée dans la Lucinde de Schlegel ; d’autres virent cet édifice long de 75 mètres comme un « bordel gigantesque dont l’architecture accumule les symboles phalliques ».L’OÏkema, gigantesque bordel en forme de phallus, est un lieu dédié au plaisir masculin. Ce lupanar prend toute sa place dans une cité utopique si l’on se rappelle ce vieux principe grec : si un homme doit tromper sa femme, alors qu’il le fasse avec des protituées – plutôt que de coucher avec la femme de son voisin, ce qui nuirait à la vie de la Cité.
Nicolas Ledoux, le grand architecte français du XVIIIe siècle, dont le projet de ville idéale à Chaux n’arriva jamais à terme, le conçut ainsi : de forme phallique, et en plein milieu de la Cité, au vu et su de tous. Longtemps relegué comme relevant d’un “délire” de l’architecte utopiste – alors même que Ledoux était un véritable sociologue de l’architecture, au plus proche du réel –, Jean-Claude Lebensztejn montre dans cet ouvrage tout le sérieux de l’affaire : en repartant des Grecs, il montre toute la pertinence sociologique du projet de Ledoux, puis se livre à une minutieuse analyse de l’architecture du bâtiment lui-même (où chaque mètre carré de l’espace a été pensé en relation avec sa future utilité. Puis Lebensztejn se livre à une analyse à la fois décorative et philosophique de ce bâtiment hors-norme. Dont on apprendra, au final, qu’il favorise des… transactions.
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