C'est un joli nom, camarade
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Le parcours de Jean Fonteyne ne nous fait grâce d’aucun des événements qui ont dessiné ce siècle désormais passé, exception faite de l’écroulement définitif d’un monde auquel il avait cru et auquel il est resté fidèle jusqu’au bout.
Qu’on en juge. Emprisonné par l’occupant allemand à 17 ans pour diffusion d’un journal clandestin, il crée ensuite un Mouvement pour la culture morale qui voulait ouvrir les jeunes à tous les grands débats de société de l’époque tumultueuse d’après guerre. Les années de crise précipitent chez le jeune avocat bourgeois la découverte d’un autre monde, la classe ouvrière et ses combats contre la misère tangible, débilitante. C’est très vite l’engagement, pas seulement intellectuel mais concret, au service des victimes de la répression tant étatique que patronale. La révolution l’a définitivement conquis. Secours Rouge, Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, soutien à l’Espagne républicaine.
Parallèlement à sa réussite professionnelle, Fonteyne se voit confier des missions de haute confidentialité, touchant au saint des saints, les appareils ultra-secrets de l’Internationale communiste. Après la Seconde Guerre mondiale, il ne désarmera pas. Sa plume, sa parole, comme avocat, comme sénateur, se feront pressantes, inquisitrices, vengeresses. Épreuve supplémentaire, c’est du sein même de sa famille politique que viendront les désenchantements. La fraternité née dans les camps plus qu’un choix réellement politique l’amena à rejoindre ses camarades d’épreuves qui avaient choisi une voie dissidente.
Et c’est sans doute entouré de sa tribu, dont il est le patriarche heureux mais toujours exigeant, qu’il trouvera la force de vaincre cette déception, à l’image des vents froids qui soufflent depuis le pays de tous ses enthousiasmes passés.
Cette biographie de Jean Lemaître, petit-fils de Fonteyne, révèle une compréhension fine d’une période relativement longue, acquise au travers d’une enquête serrée d’histoire globale plaçant ce grand-père admiré au coeur de son époque. Il fallait pouvoir éviter l’hagiographie comme la distance rétrospective narquoise, le jugement froid comme l’énumération sèche. Lemaître y parvient avec passion.
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