Présocratiques latins: Héraclite
Présocratiques latins: Héraclite
Héraclite: de Varron à Saint Augustin
Lévy, Carlos  
Saudelli, Lucia  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Fragments
  • EAN : 9782251742151
  • Code Dimedia : 63074215
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Philosophie
  • Pages : 200
  • Prix : 85,95 $
  • Paru le 22 avril 2014
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: PRELAH
  • Groupe: Sciences humaines
  • Date de l'office: 17 avril 2014
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782251742151

Ce livre, fruit du programme ANR « Présocratiques Grecs, Présocratiques Latins » proposé et dirigé par André Laks et Carlos Lévy, est le premier recueil, avec traductions, introductions et commentaires de tous les fragments d'Héraclite conservés en latin. Le moins qu'on puisse dire est que les spécialistes des Présocratiques, ces penseurs qui, du VIe au IVe siècle avant J.-C., ont constitué la première phase de la philosophie grecque, ne se sont jamais beaucoup intéressés aux témoignages qui nous sont parvenus en latin. Pour eux, ils n'étaient rien d'autre que des traductions maladroites de sources grecques. Dans leur esprit, tout au plus pouvaient-elles aider à mieux comprendre tel ou tel point de détail de l'original. Une telle approche est singulièrement réductrice. Non seulement, dans certains cas, la tradition latine éclaire, précise ou complète la source grecque, mais le fait même que les Présocratiques ont pu intéresser des Romains, qui les ont traduits, intégrés à leurs écrits, constitue un élément d'une importance considérable pour l'étude de la première adaptation de la philosophie à un monde différent de celui qui l'avait vu naître. Héraclite est, schématiquement, le penseur du flux, du mobilisme universel, il a été constamment opposé pour son pessimisme à Démocrite, le philosophe du rire. A Rome, au contraire, prévalait la notion degrauitas, cette pesanteur fondatrice de toutes les valeurs, parce que protégeant les êtres des effets destructeurs du passage du temps et des caprices du tempérament individuel. Les Romains auraient donc dû se sentir parfaitement étrangers au message d'un philosophe qui, plus que tout autre, pouvait leur apparaître comme l'incarnation de la leuitas, de l'inconsistance des Grecs, de leur incapacité à affronter la durée. Ce que montre ce livre, au contraire, c'est une certaine fascination de leur part pour Héraclite, sa présence dans pratiquement tous les genres littéraires, la coexistence de répétitions formulaires et d'anecdotes parfois saugrenues. Pourquoi les auteurs romains les plus divers ont-ils éprouvé le besoin de citer un penseur aussi étranger à leur manière d'être ? Quels sont les cheminements qui ont permis la diffusion de son œuvre, ou de résumés de celle-ci en langue latine ? Qu'est devenue au cours des siècles, et notamment à l'avènement du christianisme, puis à la fin de l’Antiquité, la figure romaine d'Héraclite ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles ce livre veut répondre.
 
A propos des Présocratiques
 
Les Présocratiques ne se percevaient évidemment pas comme les prédécesseurs d'un obscur Athénien que sa passion du questionnement allait transformer en second père de la philosophie, le premier s'appelant Pythagore. En Ionie ou en Grande Grèce, du VIIe au IVe siècle, ils ont formulé, chacun à sa manière, les grandes interrogations sur la nature qui vont scander l'histoire de la philosophie. Le terme conventionnel de "Présocratiques" présente des inconvénients qui ne sont nullement négligeables. Il impose une vision téléologique de la philosophie, dans laquelle Héraclite, Démocrite ou Empédocle, pour ne mentionner que quelques noms, ne sont perçus que comme annonçant, en quelque sorte, celui par qui leur démarche trouverait son achèvement, en même temps qu'elle perdrait sa raison d'être, puisque, depuis l'Antiquité, Socrate a été considéré comme celui qui a imposé, contre ses prédécesseurs, une conception de la philosophie centrée sur l'individu et sur l'éthique, et non plus sur la nature. Par ailleurs, définir un avant et un après Socrate revient à laisser de côté tous les contemporains de l'Athénien qui ne se sont pas reconnus dans sa démarche et qu'il a lui-même combattus, en premier lieu les Sophistes. Malgré tout cela, le qualificatif de Présocratiques s'est imposé, en particulier parce que l'œuvre d'Hermann Diels, ses Fragmente der Vorsokratiker, en deux volumes, dont la première édition date de 1903, révisée par Walter Kranz en 1952, s'est imposée à la fois comme un instrument de travail indispensable et comme une Bible, double statut, passablement contradictoire. Les critiques adressées au "D.-K." sont nombreuses, les travaux sur les Présocratiques innombrables, et notamment ceux de l'école d'Utrecht, conduite par Jaap Mansfeld, mais le recueil de Diels demeure l'horizon très difficilement dépassable des études sur ces penseurs. Homme de son époque, le savant allemand ne percevait la pensée romaine que comme un appendicule de la philosophie grecque. Pour lui, les témoignages romains sur les Présocratiques ne sont que des échos lointains, des copies défectueuses et appauvries des témoignages grecs. Leur raison d'être, les réseaux culturels dans lesquels ils s'intégraient, l'attitude des Romains à l'égard de ces philosophes sont des questions qui ne semblent jamais l'avoir intéressé ; or elles constituent des éléments fondamentaux pour l'histoire de la culture occidentale. A notre connaissance, il s'agit de la première étude qui tente de leur apporter, à travers le cas d'Héraclite, un début de réponse.




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