Ismail-Hamlet
|
Ah c'est toi, Abou Saïd ? Comment vas-tu depuis hier ? Pas beaucoup mieux, on dirait. Quelle soirée, hein ? Quelle soirée nous avons passée, hein ? Abou Saïd. Abou Saïd. Mon bienfaiteur. Mon généreux, mon attentif... Quoi ? Oncle ? Père ? Papa ? Tonton ?
Quand tu as décidé de te marier avec ma mère alors qu'on n'avait pas encore versé la dernière pelletée de. terre sur la tombe de mon père, alors, oui, tu as pris sa place. Celui qui épouse ma mère devient mon père.
Mais quand tu as décidé d'épouser Saadia et que tu l'as fait, qu'es-tu devenu pour moi ? Qui est pour moi celui qui épouse celle que j'aime ?
Abou Saïd est mort.
Autour de sa maison, des cris, des pleurs de femmes, des versets du Coran résonnent. Sur une table, son cadavre attend sous un drap vert, sexe au garde-à-vous, que son neveu Ismail vienne l'honorer d'une dernière toilette.
Mais "l'air est vicié dans la maison d'Abou Saïd". Car Ismail a sur le coeur pas mal de rancoeurs contre cet homme qui a commis l'irréparable : épouser celle qu'il aimait.
Quelle jubilation, tout en lavant ce corps froid, de se souvenir d'une enfance que cet homme a marquée de son empreinte.
Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ?
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.