Voyage au Canada
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Lambert est un Anglais qui est sans doute assez jeune au moment où il visite le Bas-Canada, entre 1806 et 1808. On est alors en pleine période napoléonienne, l'Angleterre subit le blocus continental mais demeure maîtresse des mers après sa victoire à Trafalgar en 1805. Elle a, depuis le Traité de Paris de 1763, annexé à son empire les Indes et la plus grande partie de l'Amérique du Nord. C'est un Lambert imbu de fierté britannique, convaincu de la valeur civilisatrice de la présence coloniale anglaise, qui débarque à Québec à l'automne de 1806. Cette fierté, et par moments même cette suffisance, imprègnent son récit de voyage. Ce travers lui est d'ailleurs facilité par une réalité qu'on ne peut nier : le Canada de cette époque ne brille guère par ses réalisations culturelles, c'est une colonie de paysans illettrés, de bûcherons, ainsi que de négociants anglais qui ne se distinguent pas, eux non plus, par leur niveau de culture. Or, John Lambert est un homme éduqué, un Londonien de la bonne société, fort sensible à ces choses. C'est donc avec une certaine hauteur qu'il juge l'état de la colonie, même si, au delà de cette attitude, son diagnostic demeure juste sur le fond.
On comprendra aussi qu'il fasse preuve de beaucoup de sévérité envers le régime français d'avant 1760 et le catholicisme auquel demeurent attachés les habitants de la colonie. Lambert est un anglican convaincu pour qui l'Église de Rome demeure un foyer d'obscurantisme.
La qualité essentielle de John Lambert comme auteur est de répondre aux exigences qui sont celles d'un bon reporter : curiosité insatiable, sens du détail, don d'observation, intérêt pour les gens et leurs modes de vie. Il a aussi les défauts de ses qualités : il lui arrive d'inonder son lecteur de détails inutiles, d'accorder trop d'importance aux cancans et d'aller au delà de ce que ses observations lui permettent d'écrire.
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