Estuaire, no 183
|
On a apprivoisé la sexualité comme une vérité unique et parfois violente, qui condamne et étouffe à force de ne pas permettre ce qui la brouille. Une vérité ou une chorégraphie qui meut les corps de sorte à les effacer. On a fait de la sexualité un silence.
Il existe bien quelques mots : anulingus, pénis, clitoris, cuisse, désir, répulsion, baiser, vulve, levrette, pudeur. Ces mots auraient pu exprimer le plaisir que trouvent des corps à s’explorer, seuls ou avec d’autres, mais ils servent, trop souvent, à imposer des verdicts. Identité, mariage, adultère, procréation, viol, tuerie.
La sexualité n’est pas que ce lourd héritage. Elle est tout ce qui lui échappe. Une orgie à la fois, une prise d’hormones à la fois, une relation amoureuse asexuelle à la fois, un orgasme rémunéré à la fois. Dire oui, dire non. Il n’y a rien là d’évident.
Pour son cent quatre-vingt-troisième numéro, Estuaire a choisi d’inviter des poètes qui gravitent ou ont gravité autour du travail du sexe à écrire sur le thème des sexualités.
Extrait du liminaire « Une échappée hors du silence »
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.