Erckmann-Chatrian, conteurs et moralistes
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S’il est une œuvre du XIXe siècle particulièrement délaissée et oubliée, c’est bien celle d’Erckmann-Chatrian. Sous ce double nom, se trouvent le Lorrain Émile Erckmann (1822-1899) et le Vosgien Alexandre Chatrian (1826-1890), deux personnalités bien méconnues aujourd’hui et que tout opposait. Les œuvres signées en commun – contes et nouvelles, romans nationaux mais aussi pièces de théâtre – ont pourtant compté dans le champ littéraire de l’époque, à tel point que Victor Hugo témoigna son soutien aux deux hommes et que Barbey d’Aurevilly y puisa de l’inspiration.
Qui étaient donc ces deux compères de plume, « deux cocos bien plébéiens » selon Flaubert? Le but noble qu’ils assignèrent à leurs écrits n’a-t-il pas contribué paradoxalement à éclipser leur œuvre après leur mort, au tournant du XXe siècle? Cet essai s’offre d’y répondre et de porter un éclairage nouveau à l’œuvre d’Erckmann-Chatrian, qui ouvrit une brèche entre le réalisme de Balzac et le naturalisme de Zola.
Noëlle Benhamou choisit ainsi de traiter à la fois l’ambition morale et didactique de leur œuvre, mais aussi son inscription régionale et traditionnelle, à travers des choix génériques à mi-chemin entre le conte fantastique et la parabole. C’est un Erckmann-Chatrian écrivant à l’encre rouge comme le sang et noire comme la nuit fantastique qui nous est ici dévoilé.
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