Poèmes jamais assemblés
Poèmes jamais assemblés
D'Alberto Caeiro
Pessoa, Fernando  
Giovannoni, Jean-Louis (Traduit par) 
Hourcade, Isabelle (Traduit par) 
Hourcade, Rémy (Traduit par) 
Vallin, Fabienne (Traduit par) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042086
  • Code Dimedia : 000200135
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature espagnole/portugu., Poésie
  • Pages : 56
  • Prix : 29,95 $
  • Paru le 18 novembre 2019
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: POEJAA
  • Groupe: Poésie
  • Date de l'office: 14 novembre 2019
  • Langue d'origine: portugais
EAN: 9782877042086

Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre
Pour voir les champs et la rivière.
Il ne suffit pas de ne pas être aveugle
Pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut aussi n’avoir aucune philosophie.


La traduction du présent livre a été établie à partir de la dernière édition des œuvres de Fernando Pessoa, publiée aux éditions « Tinto da China » (Lisbonne), en avril 2016. Elle tient compte des derniers travaux de décryptages de Jerónimo Pizzaro et de Paricio Ferrari qui en sont les éditeurs. Poemas incojunctos, que nous avons traduits par Poèmes jamais assemblés d’Alberto Caeiro, qui rassemblent des poèmes datés de 1914 à 1922, comportent de nombreuses variantes par rapport aux éditions traduites en français jusqu’alors, ainsi que plusieurs poèmes inédits.

Alberto Caeiro, de tous les hétéronymes inventés par Fernando Pessoa, est un maître de la simplicité, celui qui ne regarde jamais au-delà de la réalité qui passe indifférente devant nous. Au contraire d’Alvaro de Campos, le grand créateur d’allégories universelles, propagateur de modernité, Caeiro se méfie des raffinements du style, des mythes, et des fables qui sont pour lui fantasmes et fumées. À ces fausses éternités, aux métaphores qui enflent artificiellement le monde, il oppose un regard consentant et direct. Poète modeste, conscient de sa place minuscule sur la terre, il se fait le témoin heureux des pluies et des saisons, de la route devant soi, même de la mort à venir. « Non pas penser mais voir », ne rien exiger, mais attendre et accepter. Cette poésie antimétaphysique plaint les hommes en quête de bonheurs qui n’existent pas, trop occupés du futur, qui rêvent dans leurs mauvais rêves. Il plaint les mystiques qui cherchent des interprétations, qui ajoutent des noms aux pierres, aux ruisseaux, aux arbres pour en brouiller le sens. Ceux qui partout imposent la marque de l’homme, posent leurs mains, veulent faire démonstration d’intelligence, dans une appropriation aveugle du monde. Caeiro écarte certitudes et incertitudes, vérités et mensonges qui sont pour lui des valeurs abstraites, « j’accepte l’injustice comme j’accepte qu’une pierre ne soit pas ronde », dit-il. Il bâtit une œuvre philosophique qui prêche l’abandon de toute philosophie, qui privilégie la conscience à la théorie, et invite à l’indifférence. Consentir à l’indifférence ouvre à un amour plein, car on s’approche des choses pour ce qu’elles sont au moment où elles sont, plutôt que de se perdre dans un palais des miroirs de potentialités et de mirages. Il s’agit d’aimer « les choses sans aucun sentimentalisme ». C’est toute la beauté de cette entreprise, au sourire amusé toujours en arrière-plan de ses paradoxes : Pessoa est un démiurge, Caeiro ne l’est pas, et ces poèmes, dans le prolongement immédiat du Gardeur de troupeaux, qui ne portent pas de fable, sont simplement la leçon sans morale du temps présent.




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