Création, dissonance, violence
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La musique, c’est du son. Mais c’est aussi un lieu : un lieu de tension et de relâchement; un lieu de rencontre de soi-même et de l’autre; un lieu de réalisation, de mise-en-scène et de consommation; un lieu de reproduction mais aussi de transformation. Bref, un lieu de pouvoir, un lieu du politique.
La musique et le politique partagent une parenté métaphysique et temporelle : ils surgissent dans l’indétermination, toujours en mouvement et dans un moment de liberté, de violence et de résistance. Non seulement donnent-ils du sens à la vie, ils constituent les conditions de possibilité d’une vie dotée de sens. Quand le chanteur ouvre la bouche, quand le pianiste appuie sur son clavier avec force ou délicatesse, quand le violoniste relâche la pression de son archet, il y a acte de pouvoir, de création de son propre monde, création que l’auditeur poursuit quand il saisit une note ou un accord au vol et se l’approprie. En nous prononçant, musicalement ou politiquement, nous prenons aussi un risque, le même risque.
Dans ce livre, des artistes, des intellectuels, des praticiens et des professionnels de différents domaines et disciplines courent donc le risque d’exposer leur « vérité » sur la musique, c’est-à-dire sur cette force sonore génératrice d’émotions et de significations autant collectives qu’individuelles.
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