Catastrophe invisible (La)
Catastrophe invisible (La)
Histoire sociale de l'héroïne
Kokoreff, Michel  
Copel, Anne (Sous la direction de) 
Peraldi, Michel (Sous la direction de) 
  • Éditeur : Amsterdam
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782354801687
  • Code Dimedia : 000174710
  • Format : Broché
  • Thème(s) : GÉOGRAPHIE & TOURISME, SANTÉ & PSYCHOLOGIE, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Différences sociales, France, Histoire générale, Sociologie / Anthropologie, Toxicomanie / Dépendance
  • Pages : 656
  • Prix : 45,95 $
  • Paru le 19 mars 2018
  • Statut : Disponible
  • Code de recherche: CATINV
  • Groupe: Histoire
  • Date de l'office: 15 mars 2018
  • Langue d'origine: français
EAN: 9782354801687

L’ambition de ce livre, le premier en son genre, est de donner de la profondeur historique à la catastrophe sanitaire et sociale que fut l’héroïne, à sa répression, aux dynamiques et cycles de sa consommation et de son trafic. Les auteurs racontent cette histoire, qui est à la fois sociale et économique, culturelle et urbaine, politique et géopolitique, en privilégiant le point de vue de ceux qui ont été ses acteurs ou témoins. Plus généralement, il s’agit de prendre l’héroïne comme analyseur, pour saisir ce que les drogues font à la société.
 
Le marché de l’héroïne se structure au cours des années 1950, mais c’est avec Mai 68 que s’amorce un premier tournant : dans ce bouillonnement politique, sociétal et culture, les produits se diffusent au sein d’une jeunesse en quête de liberté et d’expériences. La fin des Trente Glorieuses et le premier choc pétrolier, en 1973, marquent un durcissement de la situation sociale. La consommation d’héroïne se diffuse alors que se multiplient les sources d’approvisionnement, bien au-delà du mythe de la « French Connection ». Les années 1980 sont un tournant majeur : on voit apparaître en région parisienne des « scènes » où les drogues sont vendues et consommées ouvertement dans les squats et les vieux quartiers délabrés. Les sites de vente de multiplient dans les « banlieues » et autres « cités maudites », et les ravages provoqués par ce nouvel ancrage deviennent de plus en plus visibles. La diffusion de l’héroïne joue un rôle central dans la construction sociale du problème des banlieues dans sa version sécuritaire et racialisée. Les quartiers dits défavorisés vont être au coeur de sa diffusion mortifère et de l’épidémie de sida. Dans les années 1990, la machine pénale tourne à plein régime et l’emprisonnement de masse touche insidieusement les enfants d’immigrés ou originaires des DOM-TOM. On observe un non-renouvellement et un vieillissement des « toxicomanes », une dégradation de leur situation sociale et sanitaire. C’est aussi le temps des premières « chasses aux dealers de came » qui visent aussi à installer le monopole des revendeurs de cannabis, mais aussi celle des premiers « barbus ». L’islam apparaît, parmi d’autres supports, comme un support de sortie (de la toxicomanie, du trafic). Une bascule s’opère au milieu des années 1990 lorsque Simone Veil, ministre de la Santé, s’engage dans la mise en place d’un dispositif expérimental de réduction des risques. À la fin du siècle, le paysage des drogues a changé. La menace de l’héroïne et du sida est en passe d’être surmontée.
 
L’histoire de l’héroïne est celle de la répression, de la guerre à la drogue, et en corollaire, de l’absence de culture de santé publique en France, mais c’est aussi celle d’un processus de transformation des appartenances collectives et des identités culturelles qui interroge le rôle des produits psychotropes dans le changement social.




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