Recueil de Dorais (Le), v. 02
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Le 15 mars 1975, Prise de parole publiait Hermaphrodismes, de Tristan Lafleur (alias Fernand Dorais), un « roman » qui correspond essentiellement aux deux premiers des Trois contes d’androgynie.
Malgré le peu de cas qui semble en avoir été fait à l’époque, selon son auteur, le père jésuite Fernand Dorais, le « T out-Sudbury » parlait du scandale qu’était ce livre. À l’été 1975, il profita d’un congé sabbatique pour poursuivre des recherches en France et en Angleterre, loin de Sudbury et des rumeurs qui étaient devenues pour lui une source d’angoisse. En 1978, à sa demande, les Éditions Prise de parole retiraient le livre de circulation et les exemplaires en étaient pilonnés.
Il est vrai que ces œuvres ont de quoi surprendre, surtout venant d’un prêtre-écrivain. Si la démarche de création est en fait une longue traversée à la recherche de Dieu, le parcours est semé, notamment, de représentations de la sexualité entre hommes, décrites sans ménagement, en des termes parfois très crus. C’est que l’imaginaire chez Dorais est « enfant de bohème », qui ne connaît que ses propres lois. Dans ses œuvres, l’imaginaire souverain s’exprime et il ne doit en aucune façon être censuré. Partout, souvent, Dorais revient à la défense de « la liberté inconditionnelle du créateur ». Toutefois, ce prêtre, fier et fidèle membre de la Compagnie de Jésus, le restera jusqu’à la fin de ses jours : « […] Qu’il soit fermement entendu que plus que jamais j’adhère et à l’Église et à la Compagnie
de Jésus […] ».
Né en 1928 à Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Fernand Dorais est décédé en 2003. Père Jésuite, grand érudit, animateur culturel, essayiste, professeur exigeant mais accueillant, Fernand Dorais représente l’humanisme intégral, avec tout ce que ça comporte de conséquences morales, politiques, esthétiques et philosophiques. Professeur au Département d’études françaises et de traduction de l’Université Laurentienne de 1969 à 1993, ce maître des Lettres françaises a su insuffler un esprit de créativité chez les jeunes adultes à qui il a enseigné. C’est sous son inspiration et nourrie par sa pensée que, dans les années 1970, une jeunesse dynamique a pu créer des institutions culturelles qui perdurent jusqu’à nos jours, comme en témoignent l’événement culturel annuel la Nuit sur l’étang, la maison d’édition Prise de parole et le Théâtre du Nouvel-Ontario. p. 21.
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