Révolution surréaliste (La)
Révolution surréaliste (La)
Janover, Louis  
  • Éditeur : Klincksieck
  • Collection : Critique de la politique
  • EAN : 9782252040294
  • Code Dimedia : B0015175
  • Format : Broché
  • Thème(s) : BEAUX-ARTS, LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Arts, Histoire & critique littéraire, Histoire générale
  • Pages : 261
  • Prix : 48,95 $
  • Paru le 28 novembre 2016
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EAN: 9782252040294

Le titre peut s’entendre comme l’expression d’un paradoxe puisque l’ouvrage met en relation les deux aspects de la révolution surréaliste : elle semble s’éloigner dans le passé au fur et à mesure que le surréalisme s’installe dans le monde de l’art, mais elle redevient le but à atteindre dès lors que l’on s’interroge sur ce qu’il est advenu dans ce domaine.

D’une part, l’auteur interroge la naissance du mouvement fondée sur une critique radicale de tout ce qui imprimait alors sa marque dans le domaine littéraire et artistique : les critères de réussite et d’expression du milieu, et un rapport au passé enraciné dans toute une tradition poétique complètement compassée, encore imprégnée des valeurs d’un ordre moral qui paraît inébranlable. Manifestes, proclamations, gestes de refus font apparaître dans les milieux intellectuels une éthique du comportement révolutionnaire qui n’a nul besoin de critères d’analyse politique pour affirmer cet esprit de révolte absolue. C’est ce climat qui entoure la naissance du mouvement et de la revue de la fondation, La Révolution surréaliste. Sur le plan social, il s’inscrit dans la montée d’un mouvement révolutionnaire qui ne connaît pas encore les arguties et les mises en coupe réglée que le stalinisme ne tardera pas à imposer au milieu des intellectuels radicaux. Le problème du rapport entre changer la vie et transformer le monde ne se pose pas alors à la Révolution surréaliste, car il n’a aucun sens pour elle. La première partie de l’ouvrage s’applique à mettre en valeur cette « révolution ».

D’autre part, l’auteur souligne les apories et les contradictions que doit affronter la révolution surréaliste au fur et à mesure qu’elle s’affirme, et que Breton assume avec ce qui sera le corps de son génie, traversé par cette tension insoluble. Son pouvoir de création poétique et artistique fait entrer le mouvement dans cette zone de contradictions et de dénégations dont il ne sortira, grâce à son intelligence, que par le haut : la reconnaissance de sa puissance novatrice et des vertus de l’esprit subversif, paradigme décisif quant au renouvellement des codes de création. Le surréalisme est alors au service de la révolution, et il entre dans cette constellation politique où le PCF impose ses vues réactionnaires. La lutte contre cette régression amène, en réaction, une lente rétractation artistique qui va séparer de gré ou de force les deux parties du surréalisme.

C’est à travers une double expérience personnelle que l’auteur nous fait littéralement revivre les contradictions et les tensions de cette histoire unique, qui dépasse de loin les variations de l’avant-garde. Il nous donne à voir ce chemin de la révolution surréaliste comme une injonction qui s’adresse au milieu artistique moderne, et fait revivre les principes de la révolution surréaliste dans une nouvelle perspective. Il montre comment au terme de ce processus d’intégration se produit un renversement que l’on pourrait dire dialectique : le refus du début se retourne contre ce qu’il est advenu de la promesse initiale et devient le nouvel objectif à atteindre, une utopie qui s’est enrichie de toute l’expérience passée.

Ce livre nous offre une perspective nouvelle, à mille lieues de l’hagiographie obtuse et d’une critique sans contenu, qui ne fait aucun cas des tensions contradictoires de cette histoire. L’auteur a ajouté une préface en rétrospective pour montrer que les idées défendues n’ont fait que se vérifier à la lumière de l’actualité. Il nous rend sensible l’esprit de la révolution surréaliste, quand il raconte sa rencontre avec Breton qui répond à une lettre passionnée et l’invite à faire partie du groupe.

AUTEUR(S)

Louis Janover, né en 1937, est essayiste, traducteur et éditeur. Il est considéré comme un « intellectuel de l’ultra-gauche » française. En 1956, il signe avec le groupe surréaliste Hongrie, soleil levant, tract de soutien à l’insurrection de Budapest. Membre du groupe Spartacus (1961-1963), il signe le « Manifeste des 121 » en 1961, article mettant en cause la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie. À la suite de la dissolution du groupe Spartacus, il crée et dirige de 1963 à 1969 la revue Front Noir. Farouchement opposée aux théories situationnistes, celle-ci publie quelques textes de penseurs issus du communisme de conseils, et se propose de développer une critique radicale du concept d’avant-garde. Proche de Maximilien Rubel, il a été codirecteur de la revue Études de marxologie. Il a récemment publié Surréalisme et situationnistes. Au rendez-vous des avantgardes (Sens&Tonka, 2013) et Notes pour servir à l’histoire de la Commune de Paris (Éditions Libertalia, 2016).




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