Timbre égyptien (Le)
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« La peur me prend par la main et me conduit. Un gant de fil blanc. Une mitaine. J’aime, j’estime la peur. J’allais presque dire : “Je n’ai pas peur avec elle !” Les mathématiciens auraient dû lui dresser une tente parce qu’elle est la coordonnée du temps et de l’espace : ils y participent comme le feutre roulé à la tente des Kirghiz. La peur dételle les chevaux quand il faut partir et nous envoie des rêves avec des plafonds absurdement bas. » Ossip Mandelstam, Le Timbre égyptien.
Le Timbre égyptien est la seule œuvre de fiction écrite par Mandelstam. Le récit d’une journée dans la vie de Parnok, petit homme à la faiblesse héroïque dans le Saint-Pétersbourg de 1917, un monde où le froid et la peur envahissent tout et dans lequel, tout comme son personnage, le poète est désormais plongé.
Ossip Mandelstam, né en janvier 1895 dans une famille de commerçants juifs, passe son enfance et sa jeunesse à Saint Pétersbourg. Il publie deux recueils de poésie, La Pierre (1913, 1916) et Tristia (1922), puis, en 1928, Le Timbre égyptien, recueil qui reprend la prose autobiographique Le Bruit du temps, précédemment parue en revue, et Sur la poésie, un recueil de ses essais. L’imprudente diffusion en 1933 d’un poème satirique contre Staline lui vaut d’être arrêté puis exilé à Voronèje, où il écrit ses derniers poèmes. Le plus grand poète russe du XXe siècle meurt de froid et d’épuisement le 27 décembre 1938 sur le chemin d’un camp de travail auquel il a été condamné. Les mémoires de sa femme Nadejda Mandelstam, Contre tout espoir, publiés en Occident dans les années 1970, lui valent une reconnaissance internationale, qui n’a fait que croître depuis lors.
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