Sujet de l'histoire (Le)
Sujet de l'histoire (Le)
Vers une phénoménologie du survivant
Nichanian, Marc  
  • Éditeur : Nouvelles Éditions Lignes
  • Collection : Fins de la philosophie
  • EAN : 9782355261411
  • Code Dimedia : B0003824
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Histoire générale, Philosophie
  • Pages : 460
  • Prix : 44,95 $
  • Paru le 19 mai 2015
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EAN: 9782355261411

Si le coeur de l’événement est l’élimination du témoin, il ne peut pas être question de témoigner de ce qui est arrivé au coeur de l’événement. En d’autres termes, il ne peut pas y avoir de relation humaniste à la Catastrophe. Et, inversement, aucun témoignage entendu en termes humanistes ne peut rendre compte de la Catastrophe.

Comment parler de l’expérience du témoin mort ? C’est la question que se pose et pose ce livre. Comment en parler lorsque le seul langage dont nous disposions est celui du sujet (sujet de l’histoire et de la vérité historique). Il semble que nous n’ayons aucun langage pour l’expérience du témoin mort et du crime sans vérité. C’est donc le survivant post-catastrophique qui est soumis ici à une triple épreuve. La première épreuve est celle de la philologie. Elle oppose ou juxtapose le survivant comme relique à la figure du natif, cette créature par excellence de la philologie, instituée par cette dernière comme un vestige, comme le témoin de sa culture et déjà comme le survivant de son propre désastre. La seconde épreuve est celle de la traduction. Elle fait apparaître la langue survivante dans l’espace des traductions, en organisant une confrontation entre la traduction « potentialisante » des romantiques et l’opération qui consiste à traduire dans une langue vivante comme si elle était morte. La troisième épreuve est celle de l’image et de la « ressemblance mortuaire ». Au bout du compte, il s’agit de libérer le survivant des discours historisants et juridiques qui ont cours à propos des « tragédies holocaustiques » du siècle dernier. Ces discours, quoique inévitables, sont une insulte à la figure même du survivant, parce qu’ils méconnaissent fondamentalement la nature de l’événement catastrophique.

Livre essentiel comme le travail de Marc Nichanian est lui-même essentiel, et trop peu connu en France (l’auteur réside et enseigne aux États-Unis) ; livre qui poursuit le travail commencé par la publication, chez Lignes déjà, en 2006, de La Perversion historiographique. Une réflexion arménienne.

AUTEUR(S)

Marc Nichanian est né en 1946 à Paris. Études (et doctorats) de mathématiques et de philosophie. A été l’élève de Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy à Strasbourg. A enseigné langue et littérature arméniennes aux États-Unis (UCLA, Columbia) de 1995 à 2007. Enseigne aujourd’hui à Istanbul, Sabanci University, dans le programme de « Cultural Studies ». A publié en arménien une série d’ouvrages collectifs, qui regroupe des travaux de critique littéraire et des traductions de philosophie moderne et contemporaine. S’est occupé pendant très longtemps des auteurs arméniens du xxe siècle, essentiellement ceux de la diaspora, ceux qui avaient à affronter la Catastrophe et l’expérience de l’étranger dans leur propre langue. A travaillé sur la naissance du « natif » et, donc, sur la généalogie de la philologie humaniste. Il dit volontiers de lui-même qu’il « s’est débattu (et continuera à le faire) avec la dénégation qui habite si naturellement, et dès l’origine, au coeur de l’histoire et avec le déni de soi éhonté (mais structurellement inévitable) du survivant. »




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