Ironie du sort (L')
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«Les coïncidences sont stupéfiantes, c’est leur pente naturelle. L’ironie du sort entend dévaler cette pente et s’enivrer de la vitesse acquise. Tout y est affaire d’enchaînements. On y rencontrera, simples silhouettes ou héros récurrents, environ deux cents personnages : beaucoup d’artistes, quelques assassins, des acteurs, des explorateurs — bref des vies déraisonnables, admirables ou cauchemardesques, comme autant de destins possibles. On y repassera plusieurs fois par la ville de Chicago, riche en mythes variés, centre du livre à défaut d’être centre du monde, puisque celui-ci est à la fois partout et nulle part. L’ironie du sort veut croire que tout se tient et n’a eu pour le démontrer que l’embarras du choix. C’est un genre de conte fantastique où tout est pourtant véridique et quand bien même on y établirait assez solidement, diverses calamités à l’appui, que le réel n’est pas un conte de fées, ou que c’est un conte à dormir debout. Une rêverie sur les signes, si l’on veut, dont les correspondances et les symétries innombrables peuvent engendrer tout à la fois le rire, l’incrédulité, la foi, une fascination proche de la folie, voire une légère paranoïa (on s’en amusera). Ou encore cet émoi incommensurable dont parlait Stevenson, cette impression de je ne sais quoi de pathétique au cœur des choses, faite de deux éléments accouplés : une attraction et une horreur sans borne.». Didier da Silva
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