Regards sur le monde atlantique
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À la différence d’un récit de voyage, Dumont nous embarque dans le voyage de sa propre vie, livrant au lecteur ses impressions de soldat, d’homme au statut social moyen luttant pour la reconnaissance dans la société d’Ancien Régime, et de colon souffrant des défis offerts par un nouveau climat et une nouvelle société. C’est un observateur actif d’une expérience coloniale douce-amère.
Dumont se compare à Robinson Crusoé, mais à la différence de celui-ci, Dumont ne vécut pas seul sur une île déserte. La plus grande valeur de son œuvre repose en fait dans la manière dont il ressuscite pour nous la vie des régions et des peuples du vaste monde de la France Atlantique qui s’étendait sur quatre continents et d’innombrables îles. De Paris à Québec, de La Rochelle à Saint-Domingue, en passant par Lorient et la Louisiane, Dumont emprunta les circuits militaires et commerciaux qui constituèrent le premier empire français.
Le mélange d’autobiographie et d’histoire coloniale offert par Dumont, avec ses côtés picaresques et ethnographiques, est un don précieux aux étudiants d’histoire comme de littérature. La perspective de Dumont n’est pas celle de l’élite, mais n’est pas non plus celle du menu peuple comme l’indique son alphabétisation. Sa vision vient du cœur du monde atlantique. Dumont pria sur un navire avec des nonnes pour être sauvé de la tempête, il planta du maïs et du tabac dans le sol boueux de Louisiane, il souffrit du scorbut et du paludisme, marcha pieds mus et délirant de fièvre dans les rues de Québec. Il se maria et éleva des enfants à La Nouvelle-Orléans. Il combattit les Amérindiens et mangea de la graisse d’ours. Ces expériences, sensuelles et quotidiennes, sont aussi importantes que ses exposés politiques sur les dirigeants corrompus et incapables pour nous permettre de mieux comprendre le monde français atlantique.
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