Anomalie créatrice (L')
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C’est sous le coup d’une erreur étymologique que l’anomalie a mauvaise réputation. En effet, anomalie ne vient ni du latin norma ni du grec nomos (la loi, la règle, la norme), mais du grec omalos (qui offre une surface égale ou régulière). An-omalos signifie donc ce qui est irrégulier (comme on le dit, par exemple, d’un terrain accidenté). Il y a toutefois fort à penser que cette erreur a une provenance plus profonde qu’une simple distraction sémantique et qu’elle est également issue de présupposés métaphysiques et ontologiques profondément ancrés dans la pensée et dans la langue, au point d’orienter le terme et d’en détourner la compréhension. En effet, l’anomalie est généralement appréhendée au titre de l’anormalité, voire de la monstruosité comme si, hors des normes, il ne pouvait y avoir aucune place pour de l’anomal (et donc, pour une autre conception de l’anomalie). Pourtant, l’anomalie n’en recèle pas moins une véritable fonction positive, d’ores et déjà mise en relief par quelques philosophes.
Camille Fallen est docteur en philosophie et sciences sociales (EHESS, 2009). Après avoir rencontré Jacques Derrida lorsqu’elle était rédactrice en chef de la revue Noise (avec Aki Kuroda, son fondateur), elle a suivi pendant plusieurs années son séminaire. Elle est l’auteur de textes et d’articles consacrés à des artistes contemporains, à l’art et à l’esthétique. Elle organise actuellement un séminaire avec Pascal David, o. p. autour de Jean-Luc Nancy et en sa présence dans le cadre des Rencontres de La Tourette. Elle est professeur de philosophie, rédactrice de Paris Art et travaille en ce moment à l’écriture d’un essai sur l’esthétique ainsi qu’à un roman.
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