Bestiaire
Bestiaire
Kelly, Donika  
Finney, Nikky (Introduction de) 
Hanea, Raluca Maria (Traduit par) 
Heusbourg, François (Traduit par) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042680
  • Code Dimedia : 000235328
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature étrangère
  • Pages : 80
  • Prix : 33,95 $
  • Paru le 20 novembre 2023
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EAN: 9782877042680

Les bestiaires sont ces manuscrits médiévaux qui décrivent des animaux, aussi bien réels qu’imaginaires, en les introduisant par des fables. Le Bestiaire chez Donika Kelly se décompose en une succession de poèmes d’amour attribués à la Chimère, au Pégase, au Centaure, au Stayre, à la Sirène, au Griffon… qui font pendant à une série d’autoportraits douloureux, et à la recherche d’une « alcôve » pour se réfugier loin des traumas de l’enfance. Donika Kelly mêle ainsi la chimère au biographique, le poème ne se dérobant jamais face à la dureté extrême du viol commis par le père, qui fait d’elle une chose qui « rompt avant qu’elle ne ploie ». Passer l’enfance, grandir, aimer, est la question centrale d’un livre qui passe par la transfiguration en grive, loir, ours, phoque… « quelle ménagerie nous sommes, ce que nous avons fait de nous-mêmes » demande l’auteure, au fil de poèmes qui évoquent l’enfance dans un quartier populaire de Los Angeles, le complexe de laideur et d’inadaptation de la petite fille noire face aux filles blanches (« qui écoutera chanter une poule brune? »), qui paradoxalement sont belles quand elles sont bronzées, mais aussi les soirées dansantes du samedi soir, les jeux dans le jardin, et les tentatives de suicide. « Mais comment puis-je être une enfant? » se demande Donika Kelly, elle dont l’enfance a été violée par celui-là même qui en était le garant : son père, et dont la mère n’est qu’une présence fantôme, amnésique et aveugle. Livre en forme d’autopsie vivante, à vif, du cœur, des côtes, des cartilages et du sang, qui étudie les mécanismes de culpabilité, de peur, et de sentiment d’échec qui pèsent sur les victimes et les accompagnent une fois adulte, dans des relations de couple difficiles, faites en partie de douleurs et de déchirures. Kelly se fait « archéologue tamisant le grain de [son] sang embrouillé » pour le séparer de l’ivraie du père, réapprendre à dormir les portes ouvertes, trouver enfin et douceur et amour. Le Bestiaire porte un pouvoir cathartique, imaginaire, qui ne se détourne pas de la dureté, mais convoque ailes, sabots, crinières, corps fantasmagoriques, car s’il faut bien porter son corps, et qu’il nous enferme, nous pouvons inventer des métamorphoses, fuir les voix serviles qui nous hantent, tout au bout de ce bestiaire fantasmé : soi-même.

AUTEUR(S)

Donika Kelly est née en 1983 à Los Angeles (États-Unis). Spécialisée dans l’étude de genres dans la littérature américaine contemporaine, elle enseigne l’écriture poétique à l’université d’Iowa. Plusieurs de ses poèmes sont publiés dans divers journaux comme The New Yorker, The Atlantic ou encore The Paris Review et son premier livre, Bestiaire, paraît en 2016. Acclamé par la critique, l’ouvrage reçoit le Cave Canem Poetry Prize, le Hurston/Wright Award, le Kate Tufts Discovery Award et est nominé pour le National book Award. Son deuxième recueil, The Renunciations, qui paraît en 2021, est salué par Joyce Carol Oates comme « un livre courageux, écrit avec délicatesse, à l’honnêteté dure ». Les questions de traumatisme, d’identité de genre et d’homosexualité sont au cœur du travail de Donika Kelly, auxquels elle mêle la violence de son histoire personnelle – le viol incestueux – qu’elle aborde d’une écriture qui, si elle regarde frontalement la cruauté des faits, ne se départ pas d’une quête de douceur et de désir, dont la précision psychologique, la radicalité et l’intense émotion donnent à sa poésie une densité âpre et élégiaque.




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