Credo et crédit
Credo et crédit
Pensée sociale catholique et la finance (La)
Lobez, Frédéric  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251453347
  • Code Dimedia : 000228894
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Sociologie / Anthropologie
  • Pages : 336
  • Prix : 35,95 $
  • Paru le 14 novembre 2022
  • Plus d'informations...
EAN: 9782251453347

Credo et crédit ne font pas bon ménage.

Nécessaire au développement mais symbole d’une mondialisation non maîtrisée, l’industrie financière est devenue aussi complexe que scandaleuse. Sans parole forte qui puisse en inspirer les acteurs, qu’ils soient responsables d’entreprises, opérateurs des marchés ou régulateurs, la part sombre de la finance échappera à tout contrôle.

Certes, le christianisme porte une telle parole, inspirée des textes saints, véhiculée par les Pères de l’Église, les conciles, les ordres religieux, souvent à rebours des pratiques financières courantes. Mais l’Église catholique a tardé à intégrer dans sa doctrine sociale un discours normatif sur les questions financières : la publication d’Oeconomicae et pecuniariae quaestiones, signé en première main de la Congrégation pour la doctrine de la foi, date de 2018.

Dans cet essai bref et pertinent, Frédéric Lobez retrace la longue histoire de l’Église et de l’usure et analyse la position actuelle du Vatican sur la finance. Articulant foi et raison, cherchant à discerner qui des institutions du capitalisme ou des capitalistes est comptable des erreurs de la finance, il interroge les principes structurants de la pensée sociale catholique : comment l’Église peut-elle tenir un discours cohérent sur la finance?

Table des matières

Introduction

Chapitre I – L’Église catholique et l’usure : entre protection des pauvres et compréhension élargie de l’intérêt
I. L’usure dans l’antiquité et aux premiers temps du christianisme
II. Les enrichissements de la pensée sur l’usure à l’époque médiévale
III. De l’usure à l’intérêt : L’Église catholique au temps de la Réforme protestante

Chapitre II – Les principes de la doctrine sociale de l’Église : implications en matière d’économie financière
I. Destination universelle des biens, propriété privée et systèmes économiques
II. Le principe du bien commun et son rapport à l’économie
III. Du « bien commun » à la « maison commune » : l’inclusion de l’écologie dans la pensée sociale catholique

Chapitre III - Les raisons d’un quasi-silence de la pensée sociale de l’Église sur les questions financières
I. Une pensée sociale pour partie idéologisée ?
II. La face sombre des finances du Vatican serait-elle pour partie responsable des silences de la pensée sociale catholique sur les questions financières ?

Chapitre IV – Naissance d’une pensée sociale catholique sur la finance
I. Présentation générale de la pensée sociale catholique sur la finance
II. Une mobilisation inégale des principes de la doctrine sociale et des enseignements de l’histoire
III. Le poids des papes Benoît XVI et François

Chapitre V – Évaluation de la pensée sociale catholique sur la finance
I. Ni sacralisation de la finance et de la technologie financière, ni sacralisation de sa régulation
II. Finance et anthropologie relationnelle
III. Régulation de la finance, subsidiarité et gouvernance
IV. Régulation de la finance, solidarité et développement
V. Finance et destination universelle des biens
VI. Finance et écologie : pour une défense de notre maison commune
VII. Finance et spéculation : le cas des marchés dérivés de crédit
VIII. Intermédiation financière et justice sociale

Conclusion
Annexes
Bibliographie

Extrait

L’histoire de la finance est plurimillénaire. Longtemps associée à celle du crédit, cette histoire a interpellé les rédacteurs bibliques, puis les théologiens qui, inspirant des pratiques, affinant leurs réflexions, ont produit un corps doctrinal dont la construction alterna longs silences et brusques avancées; tout cela prit plusieurs siècles. Vint le 20ème siècle et l’émergence d’une pensée sociale à vocation plus large, s’exprimant principalement dans des encycliques papales capitalisant les unes sur les autres. De ce discours surplombant, la finance fut grandement absente, alors même que le capitalisme financier libérait les dynamismes entrepreneuriaux, modelait les institutions financières, économiques et légales, mais aussi probablement affectait les référentiels humains et accompagnait l’avènement d’une société de consommation.
 
La financiarisation croissante et non maîtrisée de l’économie, la complexité extrême des produits financiers, les procès en déconnexion de la sphère réelle, les malversations récurrentes, les scandales liés à des abus de position dominante, les rémunérations exorbitantes soulignant en creux des inégalités sociales croissantes, tout cela rendait nécessaire et urgent l’expression d’une pensée sur la finance, inspirée des valeurs de l’Évangile. Son objet trop étroit ne la disposait toutefois pas à prendre la forme d’une encyclique, d’autant plus que les enjeux écologiques primaient : ce fut Laudato si, publiée en 2015 en la troisième année du pontificat de François. Il fallut encore attendre trois ans pour que vienne un texte important, « Oeconomicae et pecuniariae quaestiones » traitant explicitement de la finance, et synthétisant la pensée sociale catholique sur les questions économiques et financières. Il importe maintenant de comprendre comment cette pensée naissante sur la finance moderne prend place dans un corps doctrinal vieux de 2000 ans et s’articule avec les principes structurants et constitutifs d’une pensée sociale catholique toujours en construction.
 
La compréhension de la genèse de cette pensée sur la finance moderne est intéressante à plusieurs titres. Tout d’abord, elle n’est pas facile; en effet, le document publié est un texte signé en premier par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dont l’influent préfet fut le pape émérite Benoît XVI. Si ce texte fut validé par le pape François, les pensées sociales des deux papes ne sont pourtant pas identiques. Ensuite, il y a deux façons de critiquer la finance : soit de l’intérieur, sans remettre en cause le modèle capitaliste; soit de l’extérieur, en contestant ce modèle. Ce choix n’est pas neutre. Enfin, il sera intéressant de voir comment les principes structurants de la pensée sociale catholique, issus de plusieurs siècles de réflexion, sont mobilisés pour porter une critique qui doit associer également une compréhension en profondeur de ce qu’est une économie financière.




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