Tout est dans le monde
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Cette anthologie regroupe 120 poèmes et plus de 30 peintures et dessins de Lucebert, poète et peintre inclassable, figure majeure du XXe siècle artistique aux Pays-Bas. Riche, protéiforme, explorant les limites du langage, son œuvre joueuse et vivifiante se confronte aussi bien aux expérimentations formelles qu’à la nature tragique de l’homme dans l’histoire.
Organisée en 4 thématiques (le rapport à la peinture, la pratique du langage, la restitution du monde et le dépassement des sens) que complète une sélection de poèmes inédits récemment publiés aux Pays-Bas, Tout est dans le monde cherche à restituer cette totalité de l’univers de Lucebert, qui associe des images stupéfiantes, une invention permanente, une défiance envers l’ordre – envers tous les ordres, qu’ils soient militaires ou poétiques – et une forme de dureté de la lumière sur le monde. Plus qu’une poésie libre, une poésie de la liberté, vaste, ouverte et féconde, émancipée de tout esthétisme et de toute idéologie. Une poésie parfois féroce, qui arbore « le sourire enragé de la faim », et aborde le réel sans réalisme, par une superposition et juxtaposition visuelle, qui invente contre les puanteurs du passé un présent de métamorphoses où l’avenir « se dresse au bord de l’explosion ».
Frondeuse et désespérée, féroce et exubérante, l’œuvre de Lucebert, aussi bien écrite que peinte, qui « rêve le rêve » et est hantée par le sentiment détraqué de l’enfance et les éclats de la guerre, restitue le monde en désordre dans une cascade d’images et de mots, jouant avec virtuosité de toutes les oscillations de la lumière sur le destin humain. Et nous rappelle avec une clarté aux abois que « le soleil brille parce que personne n’aime mourir ».
Lucebert (luce = lumière, bert = claire) est le pseudonyme de Lubertus Jacobus Swaanswijk (1924-1994). Poète et peintre, il fut l'un des chefs de file du Mouvement de Cinquante, le groupe de poètes expérimentaux qui a révolutionné la poésie néerlandaise dans les années 1950. Il est considéré comme l'un des plus grands poètes néerlandophones du vingtième siècle. Lucebert découvre Dada et le surréalisme à l'Institut des arts et métiers d'Amsterdam. Après la Libération, il mène une vie errante, dessine et écrit. Au cours d’un séjour en région parisienne, en 1948, il découvre une nouvelle façon d'écrire de la poésie. Il résulte de ses expérimentations une association d'images polysémiques et une grande musicalité, évoquant les techniques du jazz. Lucebert rejoint le Groupe expérimental en Hollande, fondé en 1947 par les peintres Appel, Corneille et Constant. En 1948, avec des artistes belges et danois, ce trio fonde le mouvement CoBrA. En 1949, Lucebert publie un premier poème remarqué, « Lettre d'amour à notre épouse suppliciée Indonésie », puis, dans le numéro hollandais de la revue CoBrA, sa « Défense de la Génération de 50 ». En 1951 paraît son premier recueil. Lucebert développe son propre style de peinture à partir de l’esthétique CoBrA. D’abord peuplées de créatures fantastiques inspirées de dessins d'enfants, ses toiles représentent de plus en plus le monde de l'homme dans son horreur et sa vulnérabilité. Les figures de ses tableaux sont souvent dérangeantes, elles remettent en question les lois de la beauté et de l'harmonie et confrontent le spectateur avec la monstruosité et l'impuissance de l'homme. Entre 1965 et 1980, Lucebert n'écrit que de rares poèmes. Il revient sur la scène littéraire en 1981, et décède d'un cancer en 1994.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
