Mara
Mara
ou Tu peux en vouloir au soleil
Jeffers, Robinson  
Barnaud, Cédric (Traduit par) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042451
  • Code Dimedia : 000226828
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature américaine, Poésie
  • Pages : 136
  • Prix : 39,95 $
  • Paru le 15 août 2022
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EAN: 9782877042451

Paru en 1941, et sommet de l’œuvre du poète américain Robinson Jeffers, figure solitaire et sauvage des lettres américaines, Mara ou Tu peux en vouloir au soleil s’ouvre sur un ample roman en vers en 12 chapitres de Bruce Ferguson, éleveur et vendeur de bétail sur la côte californienne, qui incarne à lui seul la tension tragique de la poésie de Jeffers. Dans un monde de « nouvelles sales et sanglantes », à mi-chemin entre le rural et la modernité, entre l’archaïsme et la radio, entre le cheval et la voiture, cette fresque familiale éclate à la fois sous la violence intime, couvée de jalousie, de mensonge et de silence, et le fracas de la montée au pouvoir d’Hitler et de l’invasion de la Pologne par l’armée allemande. Les grands incendies qui ravagent le paysage et les crashes de dirigeables semblent être la manifestation extérieure des pulsions destructrices qui animent ces personnages qui s’aiment et se déchirent dans l’espace exigu de leurs maisons en bois. Frères, parents, époux, amants, ces êtres qui ne savent pas comment ne pas se détruire, hantés par l’enfer, mais cet enfer simple de ceux avec qui l’on partage sa vie, sont des silhouettes nocturnes et dérisoires au bord du rugissement des vagues de l’océan, des remous de l’histoire. Pris dans cette atmosphère d’orages et de tempêtes, ils ne savent pas comment être libres, mènes une vie d’aveugle et de tempête, enfermés dans le piège des autres, où le seul antidote au poison du mensonge semble être le mensonge lui-même. « Personne ne connaît la différence entre le bien et le mal » dit Jeffers dans ce livre qui questionne la folie, la morale et la chute de l’occident, peuplé de spectres, d’apparitions et d’oracles. Mara est cet esprit qui guide et tourmente Bruce Ferguson qui comme la plupart des personnages du livre cherche la voix des morts, pour ne pas sombrer avec la civilisation qui s’effondre dans la guerre. L’humanité est maudite, piégée dans le cycle du « galop des mondes », qui voit se substituer des vagues de destruction à des vagues de progrès, il en est ainsi depuis Alexandrie, depuis Rome, depuis Byzance. Race humaine qui a capturé tous ses rêves, « sauf la paix » et dont Jeffers, au fil de ces longs poèmes narratifs « douloureux à l’excès », questionne la notion du sacrifice comme acte rédempteur ou de simple disparition? Il aura trouvé sa réponse pour lui-même, dans un dernier éloge attristé de la solitude, débarrassé des hommes, à l’écart de toute guerre, entre montagne et océan.

AUTEUR(S)

Robinson Jeffers (1887-1962) est un poète américain, considéré comment un monument à la fois classique et inclassable dans son pays. Considéré de son vivant comme l’un des plus grands poètes de son temps, il s’est peu à peu retiré du monde littéraire, puis du monde social tout court : partant construire avec son épouse une maison de pierres à Carmel-by-the-sea, nichée en compagnie des faucons, au bord des falaises, sur la côte californienne pour faire face à la nature. Le recueil Mara, ou Tu peux en vouloir au soleil, publié en 1941, est une période charnière pour l'écrivain, l'homme et le monde ; certains poèmes sont visionnaires et prophétiques quant au déroulé de la Seconde Guerre Mondiale, qui vient de débuter. Le livre permet au lecteur de découvrir les deux facettes du poète : les longs poèmes narratifs aux accents faulknériens et les poèmes plus brefs et tout aussi incisifs. Si Jeffers est unique, on peut lui déceler des influences : Nietzsche, Spengler ou encore le courant transcendantaliste avec Thoreau et Emerson, ce dernier étant sans doute celui qui a le plus nourri son style méditatif. Également habité par la tragédie antique (il a composé une adaptation de la Médée d'Euripide), son œuvre est traversée de drames sanglants et désespérés. Aux côtés Charles Bukowski (qui l’admirait et l’évoque dans de nombreux poèmes), Jeffers est le poète le plus représentatif de la Californie, le premier étant le poète de la ville, le second celui de la nature. Si an a parlé d'inhumanisme pour la violence de certains de ses personnages et sa quête de solitude, il tente surtout de réconcilier la dichotomie entre la nature source de grâce, de bienfaits et de tendresse et la nature expérience de destruction.




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