Genèse de l'écriture (La)
Genèse de l'écriture (La)
Schmandt-Besserat, Denise  
Ferron, Nathalie (Traduit par) 
Chambon, Grégory (Postface de) 
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Âne d'or (L') (#71)
  • EAN : 9782251452937
  • Code Dimedia : 000225142
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Archéologie, Écriture / Lecture / Livres, Histoire générale
  • Pages : 288
  • Prix : 47,95 $
  • Paru le 4 juillet 2022
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EAN: 9782251452937

Pour les civilisations antiques, l’écriture était un don divin. Les philosophes et les linguistes ont spéculé sur ses origines. À la fin du XXe siècle, des objets archéologiques ont permis de retracer l’évolution de pratiques aboutissant aux premières traces d’écriture en Mésopotamie. Bousculant le mythe et les certitudes savantes, leur étude a montré que les fonctions primordiales de l’écriture ne relèvent ni de la transmission, ni de la conservation du langage, mais de la gestion de biens.
 
La conception scientifique de la genèse de l’écriture découle des découvertes de Denise Schmandt-Besserat. Ce livre présente les preuves matérielles que sont les « jetons », examine leur évolution jusqu’à la transmission de leurs fonctions aux tablettes d’argile, puis analyse les implications socioéconomiques de ce processus multimillénaire, avant de restituer la classification des artefacts.
 
​Cette démarche est comparable à celle d’André Leroi-Gourhan : elle introduit une problématique fondamentale dans le champ des études paléo-historiques en même temps qu’une méthode éclairant la relation entre une classe d’artefacts et l’évolution de l’humanité. Dans une postface inédite, Grégory Chambon fait le point sur les enjeux toujours actuels de cette œuvre fondatrice.

Table des matières

Préface
Introduction

PREMIÈRE PARTIE : TÉMOINS ARCHÉOLOGIQUES
Chapitre un : les calculi
Types et sous-types
Des calculi simples aux calculi complexes
Matériau
Fabrication
Présentation de la collection de calculi étudiée
 
Chapitre deux : En quels lieux et par qui les calculi étaient-ils utilisés?
Types de site
Répartition au sein des sites
Structures
Dépôts de calculi
Contenants
Objets associés
Des calculi comme offrandes funéraires
 
Chapitre trois : Cordons de calculi et enveloppes
Cordons de calculi
Enveloppes
 
Chapitre quatre : Tablettes imprimées
Quantité
Contexte
Chronologie
Description
Signes
Des tablettes imprimées à la pictographie
Signification des signes et calculi correspondants
Place des tablettes imprimées dans l’évolution de l’écriture
 
DEUXIÈME PARTIE : INTERPRÉTATION
Chapitre cinq : Évolution des symboles au cours de la Préhistoire
Symboles et signes
Symboles des Paléolithiques inférieur et moyen
Symboles du Paléolithique supérieur et du Mésolithique
Symboles néolithiques
Une nouvelle étape dans la communication et la conservation des données
 
Chapitre six : Implications économiques et sociales des calculi
Outils de calcul et économie
Outils de calcul et organisation sociale
 
Chapitre sept : Du comptage à l’émergence de l’écriture
Méthodes de comptage
Témoignages philologiques dans la langue sumérienne
Données archéologiques proche-orientales
 
Chapitre huit : Conclusions : le rôle des calculi au cours de la Préhistoire et leur apport à l’archéologie
Économie
Structure politique
Mathématiques
Communication
 
TROISIÈME PARTIE : PRÉSENTATION DES OBJETS
Cônes; sphères; disques; cylindres, tétraèdres
Calculi (ovoïdes, quadrangulaires, triangulaires, biconiques, paraboloïdaux, amygdaloïdes incisés, ovales/rhomboïdaux)
Récipients; outils; animaux; divers

Extrait

Le plus ancien récit sur l’invention de l’écriture est peut-être celui de l’épopée sumérienne de « Enmerkar et le seigneur d’Aratta ». Ce poème raconte qu’Enmerkar, seigneur d’Uruk-Kullab, envoya un émissaire auprès du seigneur d’Aratta pour lui demander du bois, de l’or, de l’argent, du lapis-lazuli et des pierres précieuses afin de reconstruire le temple de la déesse Inanna. Le messager fit plusieurs voyages pour transmettre mot à mot les prières, les menaces et les défis échangés entre les deux seigneurs jusqu’au jour où les instructions d’Enmerkar devinrent trop complexes pour que l’émissaire parvienne à les mémoriser. Le seigneur de Kullab inventa alors l’écriture en traçant son message sur une tablette d’argile :
 
Le messager, (comme) sa parole était « lourde » ne pouvait pas (la) répéter, le messager, sa parole (étant) « lourde », (comme) il ne pouvait pas (la) répéter, Le seigneur de Gulab de l'argile battit (et) la parole (le message) formant (ainsi une) tablette il y plaça. Autrefois, une parole dans l’argile placée n’existait pas, (mais) alors (aussi vrai que) le jour éclaire, ainsi fut fait! Le seigneur de Gul-ab, la parole formant (ainsi une) tablette il y plaça.
 
Rappelons que, selon la liste des rois sumériens, Enmerkar vécut vers 2700 avant J.-C., soit à une époque où l’écriture était communément pratiquée depuis cinq cents ans – ce qui évidemment remet en question la réalité de la contribution d’Enmerkar à l’invention de l’écriture!
 
Dans un autre poème sumérien évoquant Inanna, Enki et le transfert des arts de civilisation d’Éridu à Érec, l’écriture est considérée comme l’un des cent éléments de base de la civilisation détenus par Enki, dieu de la sagesse. Inanna convoite ces décrets divins (les Me) pour sa propre ville, Uruk, et décide de se les procurer. Elle y parvient car Enki, dans son ivresse, lui fait cadeau de tous les arts. Dans la version que propose Samuel Noah Kramer, les choses se passent ainsi :
 
Après que la boisson eut réjoui leurs cœurs, Enki s’écria : « […] Au nom de ma puissance! Au nom de ma puissance! À la sainte Inanna, ma fille, je donne […] Les techniques du bois, du métal, de l’écriture, de la fonderie, du cuir, […] de l’architecture et de la vannerie! » La pure Inanna les prit.
 
Inanna chargea l’écriture et les autres Me sur sa barque céleste et entama son odyssée vers Uruk. Après avoir surmonté les tempêtes et affronté les monstres marins envoyés par Enki en vue de récupérer ses biens, elle regagna enfin sa ville où elle déposa son précieux butin à la grande joie de son peuple.
 
Selon l’Histoire de la Babylonie de Bérose, Oannès, créature marine à corps de poisson et à tête, pieds et voix d’homme, donna aux Babyloniens l’écriture, le langage, les sciences et toutes sortes d’arts. Dans d’autres textes babyloniens, le dieu Ea, dieu de la sagesse, fut la source de tous les savoirs magiques et secrets, et en particulier de l’écriture. En Assyrie, Nabu, fils de Marduk, était révéré pour avoir instruit l’humanité dans les arts et les métiers, et notamment l’architecture, l’agriculture et l’écriture.
 
Dans la Bible, Dieu révèle ses volontés aux hommes par l’intermédiaire des tables de la loi « écrites du doigt de Dieu ». Source de débats majeur, ces paroles furent interprétées par Daniel Defoe comme la preuve que « les deux Tables, écrites du doigt de Dieu sur le Mont Sinaï, furent les premières Écritures au Monde, tous les autres alphabets dérivant de l’hébreu ». D’autres attribuèrent l’invention de l’écriture à Adam. En 1668, John Wilkins, l’un des membres fondateurs de la Royal Society, érudit anglais reconnu et respecté, expliquait qu’Adam avait inventé l’alphabet hébreu, « non pas immédiatement après sa création mais au bout d’un certain temps, lorsqu’il en perçut la grande nécessité et utilité. »




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