Fabrique des innocents (La)
Fabrique des innocents (La)
Affaire Mis & Thiennot, histoire d'une manipulation médiatique (L')
Antonowicz, Gilles  
Marin, Isabelle  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251452920
  • Code Dimedia : 000225075
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Communication / Médias, Criminologie / Criminalité, Droit / Justice
  • Pages : 216
  • Prix : 39,95 $
  • Paru le 18 avril 2022
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EAN: 9782251452920

31 décembre 1946 : le corps d’un garde-chasse criblé de plombs est découvert gisant dans un étang de la Brenne. Trois cours d’assises condamnent pour ce meurtre deux braconniers, Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Au soir du troisième verdict, rendu à Bordeaux en 1950, l’affaire semble close et Maurice Garçon, l’avocat de la partie civile, pense pouvoir archiver son dossier.

Trente ans plus tard, plusieurs livres fondés sur des approximations, des hypothèses fantaisistes et des ragots proclament urbi et orbi l’innocence des condamnés. Les médias s’en emparent. Présentant avec complaisance ces hypothèses et ces rumeurs comme l’expression de la vérité, leur jugement est sans appel : Mis et Thiennot ont été victimes d’une erreur judiciaire! La justice est sommée de présenter ses excuses. Malgré les pressions, la Cour de révision des condamnations pénales sait préserver son indépendance : six requêtes en révision des procès, déposées entre 1983 et 2015, sont rejetées. Pour combien de temps? Fort du soutien d’une opinion manipulée, une septième requête est annoncée.

Comment cela est-il possible? Comment un « tribunal populaire » fondant ses certitudes sur une ignorance absolue d’un dossier peut-il ainsi prétendre effacer une vérité judiciaire née de débats loyaux et contradictoires? À l’heure où la Justice déserte les prétoires pour être rendue sur internet et les « réseaux sociaux », l’affaire Mis et Thiennot incarne les dérives et les dangers qui la menacent.

Avocat honoraire, historien, Gilles Antonowicz poursuit avec Isabelle Marin dans cette enquête percutante un travail l’ayant déjà conduit à l’examen approfondi de grandes affaires judiciaires (La Faiblesse des hommes, histoire raisonnable de l’affaire d’Outreau, Max Milo, 2013, L’Affaire Halimi, Histoire d’une dérive, Nicolas Eybalin, 2014, Maurice Garçon, Les Procès historiques, Les Belles Lettres, 2019, Isorni, Les Procès historiques, Les Belles Lettres, 2021).

Table des matières

I Les faits
Le crime
L’enquête
Les aveux
La rétractation
Premières confrontations
La reconstitution
Expertises et nouvelles confrontations
Deux thèses, deux camps
Châteauroux
Le Blanc
Usurpation de fonction, diffamations
Poitiers
Bordeaux
Eté 1952, La Marseillaise part en campagne

II La Fabrique des innocents
Le Justicier
De la réalité à l’outrance
Âmes sensibles, s’abstenir
La prière des juifs
Le maillon faible : Bernard Chauvet
Vu à la télé, entendu à la radio, lu dans le journal
Mensonges et invraisemblances
Roger Morève était-il sourd?
Dénigrements, caricatures et falsifications
Georges Daraud : la médisance
Désiré Brunet, première époque : la rumeur
Désiré Brunet, deuxième époque : les ragots
Jean Lebaudy : La calomnie
Jean Lebaudy : L’héritier
Louis et Louise Boistard : L’infamie

III Ah! Les Braves gens!
Le combat pour la révision
Jusqu’à la mort, et au-delà!
La preuve par l’obstination
Rue Mis, square Thiennot …
Epilogue 185
Les personnages principaux
Sources

Extrait

Châteauroux
24 juin 1947, sous les lambris de la cour d’assises de Châteauroux.
Dans le box, Gabriel Thiennot, vêtu d’un costume bleu marine, chemise claire, cravate jaune à fleurs bleues, soigneusement peigné, petit, râblé, sanguin… À sa droite, Raymond Mis, costume gris beige, les pommettes saillantes, les cheveux blonds plaqués, grand, élancé, l’air timide. Devant eux, leurs trois avocats : Anne-Marie Ferrière, le bâtonnier Benga et le bâtonnier Charlet. Face à eux, le bâtonnier Patureau-Mirand et Maurice Garçon qui, comme à son habitude, a posé devant lui son carnet de croquis et sa boite d’aquarelle miniature, longue de 7 cm et large de 3… Légèrement sur leur gauche, à moins de trois mètres de la barre, les journalistes de La Nouvelle République et du quotidien communiste La Marseillaise, dont les chroniques méticuleuses, dignes de la précision d’un greffier, se révèlent aujourd’hui extrêmement précieuses; on y trouve tout, du nom des jurés à celui du greffier (monsieur Bonnichon), du résumé de la déposition des témoins à la narration des incidents d’audience, en passant par le verbatim des moments où, au cours d’une audience, un procès bascule.




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