Vivre avec les animaux au Moyen Âge
Vivre avec les animaux au Moyen Âge
Histoires fantastiques et féroces
Frugoni, Chiara  
Azay, Lucien d' (Traduit par) 
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251452890
  • Code Dimedia : 000225074
  • Format : Broché
  • Thème(s) : DIVERS, NATURE, ANIMAUX & ÉCOLOGIE, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Animaux, Histoire générale, Monstres, Moyen Âge
  • Pages : 456
  • Prix : 49,95 $
  • Paru le 2 mai 2022
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EAN: 9782251452890

Licornes, dragons, griffons : la vie des hommes du Moyen Âge, de l’An Mille à la Renaissance, est peuplée de quantité de créatures fabuleuses, mais aussi réelles et redoutées. Les saints Pères du désert, les moines et des prédicateurs dignes de foi assuraient que des bêtes féroces et des créatures monstrueuses et hybrides envahissaient la terre. Et comme ces chimères étaient envisagées à la lumière de la Création, elles suscitaient des interrogations fondamentales. Un cynocéphale était-il véritablement un homme à tête de chien? Se pouvait-il que Dieu eût créé des créatures aussi horribles? Au Moyen Âge, l’humanité vivait, en âme et conscience, dans un paradis perdu. De même qu’était perdu à jamais, après la transgression d’Adam et Ève, le merveilleux rapport de subordination que les animaux, créés pour servir Adam, avaient entretenu avec les hommes. Ces derniers ne disposaient pas d’armes efficaces pour affronter les loups, les ours et les sangliers, et à plus forte raison les lions, les tigres et les panthères, au cas où ils les auraient rencontrés. Ce qui n’empêchait pas leur imagination fertile de venir à leur secours pour surmonter leurs craintes.

Dans cet essai somptueusement illustré, la grande médiéviste italienne Chiara Frugoni observe et analyse minutieusement des tapisseries, des miniatures, des mosaïques, des sculptures, des tableaux et des encyclopédies illustrées pour nous montrer les mille facettes de la tradition séculaire, aussi symbolique que réelle, qui liait les hommes et les animaux. Autant d’images commentées qui rendent vivante et palpitante cette époque lointaine dont a hérité notre culture.

Table des matières

Brève introduction

I. Premièrement, donner un nom (Genèse 1 et 2)
L’autorité de la Bible : licornes, dragons et basilics. – Le double récit de la Création. – Les animaux au service de l’homme. – Le problème du péché originel. – Adam parle, les animaux écoutent. – Du côté des animaux : quelle langue parlaientils? – Du côté d’Adam : parler, mais comment? – La durée du bonheur. – Un rayon imaginaire : les livres consacrés aux animaux. – Les habitudes extraordinaires du lion.
 
II. Adam : nu puis vêtu, mais toujours poli et savant
Créateur et homme créé. – Adam et la science infuse. – Le tapis de la Création de Gérone. – Un hymne à la beauté de la création. – L’Adam plein de charme de San Gimignano. – L’érudit Adam, bien habillé et bien chaussé.
 
III. Animaux imaginaires et redoutés
« Vrais » témoignages d’animaux fantastiques. – Le récit d’un ascète cultivé. – Les griffons et Alexandre le Grand. – Redoutable et docile : la licorne. – Animal purificateur. – Animal en quête de pureté. – Le désir voilé. – Les deux portes de la mémoire. – L’énigme de la dame à la licorne. – Panthère, tigre, lion : inoffensifs, à certaines conditions.
 
IV. Voyager sur les cartes
Un ailleurs habité par des créatures monstrueuses. – Lire la Mappa mundi d’Ebstorf. – Une encyclopédie figurée. – Renseignements précieux pour les voyageurs. – Bêtes féroces et serpents. – Voyager en Asie : rencontres dangereuses. – De l’Asie à l’Afrique, toujours risqué. – Le message du Christ. – La Mappa mundi de Hereford. – La mosaïque de pavement de la cathédrale d’Otrante : une carte géographique sui generis.
 
V. Animaux réels et dangereux
Loups, de la forêt à la ville. – Quelques recours pour vaincre la peur. – Diverses manières de dompter l’ours. – Sangliers et cochons assassins. – Procès intentés aux animaux : coupables ou innocents? – Saint François et les animaux.

Extrait

Animal en quête de pureté
 
En mettant au premier plan l’étymologie, Isidore de Séville avait rendu presque plausible le récit d’un animal pourvu d’une seule corne, qui existait vraiment : « On appelle aussi le rhinocéros monocéros, ce qui veut dire unicorne, car il a au milieu du front une seule corne de la longueur de quatre pieds, si pointue et si robuste qu’elle peut envoyer en l’air ou perforer tout ce sur quoi se jette la bête. Elle se bat souvent contre l’éléphant, par exemple, et l’envoie au tapis en le blessant au ventre. La force de la licorne est telle qu’aucun chasseur, par son adresse et par son courage, ne parvient à capturer cet animal. Cependant, à en croire les auteurs de livres sur la nature des animaux, si devant elle se tient une jeune vierge prête à lui offrir sa poitrine découverte, la licorne s’adoucit aussitôt, pose sa tête sur le sein de la pucelle et s’assoupit, se laissant ainsi prendre comme si elle était sans défense. »
 
Dans les bestiaires médiévaux, la capture au moyen d’une jeune vierge devint la forme canonique de la chasse à la licorne, minutieusement décrite, avec force détail, non sans audace parfois. Marco Polo fut le premier à la démentir : une fois à Sumatra, alors qu’il décrivait les animaux qui peuplaient cette île, il prit résolument position sur l’aspect de la licorne et sur la manière de s’en emparer :
 
[Les habitants de Sumatra] ont des éléphants très sauvages, et aussi des unicornes, qui ne sont guère moins grands qu’un éléphant. Ils ont le poil comme celui du buffle, les pieds comme ceux des éléphants, et une corne au milieu du front, noire et grosse. Je vous affirme qu’ils ne font aucun mal avec leur corne, mais avec leur langue, qui est hérissée de grandes et longues épines. Ils ont une tête semblable à celle du sanglier, et la portent toujours inclinée vers la terre. Ils demeurent habituellement près des lacs et des marais. C’est une bête très laide à voir, et elle ne se prend pas au sein d’une pucelle comme nous le prétendons, bien au contraire.
 
Les bestiaires ne tinrent pas du tout compte de la méfiance qu’Isidore témoignait à l’égard des récits sur la licorne. Il ne proposa d’ailleurs aucun parallèle avec la Sainte Écriture; les bestiaires, en revanche, firent de la licorne l’allégorie de l’incarnation du Christ.




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