Deux drames antiques
Deux drames antiques
Deforge, Bernard  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251452708
  • Code Dimedia : 000223863
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Théâtre - Pièce
  • Pages : 102
  • Prix : 27,95 $
  • Paru le 11 avril 2022
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EAN: 9782251452708

« Deux drames antiques, ou plutôt à l’antique. À force de fréquenter, scruter et commenter les tragédies grecques, il m’est venu l’idée, sans doute saugrenue, d’en écrire moi-même. » (B. Deforge)

Il faut dire que Bernard Deforge s’y était déjà essayé puisque, en 2009, il avait publié un drame choral, L’Etoile du Pôle (in Celui qu’Il aimait, Les Belles Lettres), écrit à la manière eschyléenne.

C’est aussi à la manière eschyléenne qu’il a conçu le premier drame de cet ouvrage, Artaxerxès ou le Vase, drame érotique (pour le nommer à la façon des dialogues platoniciens) qui fait le lien entre les Perses d’Eschyle et Esther de Racine.

Quant au second, Jocaste ou la puissante voiture rouge du destin, il serait plutôt d’une dramaturgie sophocléenne, ce qui, de par son sujet, allait de soi, bien qu’il s’agisse d’un drame bourgeois affectant la riche famille Detaibe.

Extrait

Acte II, scène 1. Sur la scène, le Choeur des Préférées, et Xerxès
Chacune des Préférées vient d’évoquer la partie de son corps qu’affectionne Xerxès.
Là c’est toutes ensemble qu’elles s’expriment.


LE CHOEUR DES PREFEREES, XERXES
De nous toutes
C’est le vase glabre et tendre que tu…

XERXES
Taisez-vous, taisez-vous,
Ne dites pas ce mot fatal !
Ah ! ah! le vase, le vase…
Que n’avais-je dit, vous le savez
Et vous me torturez !
Ah ! je me vois, je m’entends,
Lamentable, lamentable pantin
Repu de plaisirs, de ripailles et de vin
Mais aussi d’orgueil, le Roi des Rois n’est-ce pas,
Au milieu de ces jeunes fats, ces courtisans, mes vassaux,
Il fallait que chacun se vantât de ses débauches,
Cela durant sept jours,
Chacun y allait de ses histoires salaces,
Quel est le vase où jouir le mieux,
Le grec, le juif, le perse, l’égyptien, le mède,
Et je dis pour ma perte : le vase chaldéen,
Et je vais vous le montrer,
Vous pourrez le toucher,
Vous pourrez l’éprouver l’un après l’autre,
Vous m’en direz des nouvelles,
C’est le meilleur !
Ah ! ah ! ah ! ah !
Et j’ordonnai qu’on amenât Vashti,
Nue, coiffée de son diadème !

LE CHOEUR
Maître chéri,
Nous sommes là,
Tu as nos vases à ton service.

XERXES
Le vase chaldéen n’est pas venu,
La petite-fille de Nabuchodonosor n’est pas venue.
Vous, vous n’êtes rien,
Vos vases ne sont rien,
Je les hais, je vous hais.
Vashti, la noble, la pure, tu as bien fait.
Pauvre crétin que j’étais,
Pauvres crétins que nous étions,
Et mes tristes conseillers que j’ai écoutés,
Vashti, tu n’es pas venue, nous t’avons chassée, humiliée,
Mais tu m’as tué, tu m’as tué.
Où es-tu, mon amour, ma vie ?
La pénombre est partout,
Le Soleil que nous adorons se voile devant mes yeux,
Je ne vois plus rien.

LE CHOEUR
Maître…

XERXES
Vous non plus, je ne vous vois plus,
Laissez-moi, retirez-vous,
Laissez-moi dans ma misère.

Les Préférées quittent la scène, laissant Xerxès effondré sur son trône.




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