Beauté j'écris ton nom
Beauté j'écris ton nom
Par la main des libertés du peintre
Rezvani, Serge  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Exception (L')
  • EAN : 9782251452739
  • Code Dimedia : 000223857
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature française
  • Pages : 216
  • Prix : 40,95 $
  • Paru le 11 avril 2022
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EAN: 9782251452739

Voilà qu’en ce soir de ma vie je me surprends encore à m’interroger par l’écriture sur le sens qui a été ma flèche, puisque je dois aujourd’hui me rendre à l’évidence qu’elle a toujours volé sans autre but que de ne pas en avoir.

Extrait

Elle se fit élever un palais dans une forêt, car toutes les apparences réglées de la lumière étaient enfouies dans des miroirs, et le trésor diaphane de sa vertu reposait au fond des ors et des émeraudes, comme un scarabée…

Des années avant que je ne rencontre Lula, ces vers qui servaient de titre au poème que Paul Eluard me « donna » afin que nous fassions un livre ensemble, tiré à seize exemplaires, annonçaient la couleur de notre vie future. Ils nous disaient à l’avance, ils nous dessinaient à l’avance, ils rendaient désirable le lieu « dans la forêt », désirable la musique tremblée de notre vie future, de ma vie future avec cette femme dont je peux dire qu’elle fut pour moi toutes les femmes en une. Le féminin dans tout son mystère, la femme en un lieu nommé La Béate, dans une forêt parmi les trésors diaphanes de sa beauté, pour paraphraser la douceur attentive de Paul Eluard qui avait pris en amitié ma jeunesse. Lula, ma femme tellement aimée, restée indicible, bien qu’ayant consacré toutes mes tensions, toutes mes ambitions de créateur, toutes mes tentatives de mise en forme pour la représenter sans jamais réussir à m’en satisfaire.

Poussé de jour en jour par ces échecs, et la prise de conscience - comme pour le plein du vide - que l’indicible existe par l’impossibilité d’être mis en forme, que ce soit par la peinture, le poème, la musique ou l’écriture, pas plus que l’énigme ne peut s’appréhender que par la certitude de sa définitive innapréhension, je peux dire vraiment que cette désespérante insatisfaction a fortifié ma tension créatrice. Et que vivre, sur tant et tant d’années cette tension dans une sorte de voluptueuse douleur, m’a tenu arqué en moimême en étonnement face à l’intime de ma femme, oui arqué en moi-même devant ce grand mystère du féminin que j’aurais tant aimé mettre en forme par l’indicible de l’art.




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