Visage volé (Le)
Visage volé (Le)
Poésies complètes 1981-1991
Giovannoni, Jean-Louis  
Heusbourg, François (Préface de) 
  • Éditeur : Unes
  • Collection : Hors-collection
  • EAN : 9782877042291
  • Code Dimedia : 000218846
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Littérature française, Poésie
  • Pages : 256
  • Prix : 46,95 $
  • Paru le 14 juin 2021
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EAN: 9782877042291

Cette édition rassemble l’intégralité des poèmes publiés par Jean-Louis Giovannoni entre 1981 et 1991. Le Visage volé, petite plaquette de 16 pages, premier livre publié par les Editions Unes naissantes, est aussi le premier livre publié par l’auteur depuis son inaugural Garder le mort en 1975. Comme si ce livre impossible – et son succès – l’avait placé dans l’impossibilité de publier à nouveau, malgré une pratique régulière de l’écriture, entre proses, fragments et poèmes, restés confinée à ses carnets. Durant cette décennie, marquée aussi par la publication de fragments (Les mots sont des vêtements endormis en 1983 et Ce lieu que les pierres regardent en 1984), la poésie occupe la place centrale de l’œuvre de Giovannoni.Dans ces poèmes qui embrassent plus de dix ans d’écriture, dans ce monde de « chambres intérieures », les fenêtres sont ouvertes mais le regard est aveugle. Poésie aérienne de l’enfermement, dédale de murs mouvants d’où des mains, des visages affleurent à la surface, se fondent dans la multitude indécise, et disparaissent, étouffés de mouvements. Les corps cherchent un passage, à tâtons se heurtent à la limite : leur propre extrémité, le point de friction du monde. On perd le pays, le sol, l’appui. La réalité est un visage qui s’effrite, qui s’effondre, miettes de verre brisé. La poésie de Giovannoni est une langue des signes, où le corps n’a d’autre consistance que celle de ses propres mouvements, oublis successifs, pertes successives, bras qui s’agitent frénétiquement vers l’autre pour se comprendre ; volière sans envol de gestes qui vus de loin semblent désordonnés, archaïques, fous, et s’annulent et se perdent en eux-mêmes. Poèmes en forme de digue face à la submersion du monde, au déferlement des incarnations, des choses impossibles à contenir. On se jette, comme des pierres, le plus loin possible dans le vide qui nous réduit au silence. Une chute pour s’ouvrir au monde, et dans ce vertige on ferme les yeux sur ce qui se ferme en soi et continue de bruisser après notre passage. Des agitations de cicatrices ; chaque mot provoque un deuil, chaque pas une disparition, chaque regard des aveuglements dans la nuit.Le seul pays à retrouver, le seul monde à peupler ce serait le langage. La parole insaisissable, fluctuante, en permanente recomposition. Une poésie d’appels le plus souvent sans réponse, sans même d’échos. Tout se tient dans l’équilibre inquiet entre confirmation et submersion. On ne peut être sans partir, on ne peut être sans quitter. Et plus on est présent, plus on s’éloigne, en allant vers soi-même on s’éloigne ; on laisse les visages volés dans son dos.

AUTEUR(S)

Jean-Louis Giovannoni est né à Paris en 1950. Il a exercé le métier d’assistant social pendant plus de trente-cinq ans en hôpital psychiatrique. Il ouvre son œuvre poétique avec Garder le mort en 1975, livre de deuil qui deviendra un classique de la poésie contemporaine. Auteur d’une trentaine d’ouvrages chez divers éditeurs (Unes, Leo Scheer, Lettres Vives, Champ Vallon…), il compose une poésie de fragments interrogeant le malaise d’un rapport intime et extérieur au monde (Les Mots sont des vêtements endormis, Ce lieu que les pierres regardent, L’air cicatrise vite). Ce rapport à l’espace s’incarne jusqu’à une forme d’abstraction aérienne à la fin des années 80 (L’Invention de l’espace, L’Immobile est un geste, Pas japonais) avant de faire place à de nouvelles formes, entre prose et poème. Depuis les années 90, ses thèmes interrogent notamment la violence des rapports sociaux (L’Élection, Journal d’un veau, Sous le seuil, L’échangeur souterrain de la Gare Saint-Lazare), mêlant fantasmagorie et biographie, grotesque et pulsion, dans une figuration du monde ou le fourmillement de l’invisible se mêle à l’instabilité du corps personnel et collectif. Il s’occupe par ailleurs de la publication des textes inédits de Raphaële George. Lauréat du prix Georges-Perros en 2010, il a été président de la Maison des écrivains et de la littérature.




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