Enchaînés
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Avec Enchaînés, Nicolas Mingasson invite les lecteurs à plonger dans le monde douloureux des soldats qui souffrent de troubles psychotraumatiques.
En retranscrivant les témoignages, souvent poignants et parfois terribles, d’hommes et de femmes confrontés à la mort et touchés par l’horreur de la guerre, l’auteur établit un itinéraire qui part des opérations militaires et se termine dans la vie quotidienne des soldats. Ces derniers retrouvent en rentrant chez eux un monde occidental pacifié bien peu à même de comprendre la profondeur de leur traumatisme.
Dans ces pages, les blessures intérieures sont à vif : ces personnes courageuses, jour après jour, luttent pour retrouver un équilibre personnel, familial et social. Car les ennemis qu’ils ont trouvés sur le terrain, Peur, Mort, Haine, Violence, Injustice, prennent, une fois que les soldats ont rangé leur uniforme, d’autres visages et d’autres noms : Cauchemars, Reviviscences, Alcool, Suicide…
Véritable « pathologie de la mémoire », comme on peut le lire sur le site du Ministère des Armées, le stress post-traumatique (SPT) n’est pas sans rappeler l’obusite, le shell shock, des Poilus de la Première Guerre mondiale. Nicolas Mingasson, photographe et journaliste des situations extrêmes, a commencé à rassembler ces témoignages en interrogeant les soldats français en Afghanistan (lors de son travail pour 1929 jours), puis en participant aux stages CREBAT et en menant deux ans d’entretiens avec les victimes de SPT, chez eux, dans leur quotidien.
Le besoin criant de reconnaissance et d’aide que font retentir celles et ceux qui témoignent doit nous faire comprendre la profondeur de leur blessure. Mais le tableau n’est pas entièrement noir : car, dans ces lignes, se lisent aussi une incroyable fierté à avoir participé à l’effort de guerre, une résilience admirable et un courage, qui, s’il vacille parfois, entend aider les soldats à se reconstruire, à briser les chaînes qui les accablent et à s’ouvrir à nouveau aux autres.
Nicolas Mingasson, écrivain, photographe et journaliste, tourne son regard vers les hommes et les femmes plongés dans des situations extrêmes. En 2016, il publie aux Belles Lettres 1929 Jours, le deuil de guerre au XXIe siècle, lauréat du Prix Honoré d'Estienne d'Orves, puis, en 2018 il écrit avec Mathieu Fotius Pilotes de combat, Lauréat du Prix littéraire de l'Armée de Terre Erwan Bergot, du Prix de l'Aéro-Club de France et du Prix de l'UNAAlat.
« Mon fils voulait une mitraillette. Je n’allais pas interdire à mon fils de jouer à la guerre sous prétexte que je souffre de SPT. Je lui avais trouvé une réplique de M9 américaine hyper réaliste, jusqu’au bruit qu’elle faisait quand on tirait. La première fois qu’il a joué avec, il est sorti de derrière le canapé et m’a pointé. J’ai littéralement dégoupillé! J’étais visé! Je suis reparti en Afgha! J’ai pris deux pas d’élan et j’ai plongé dans la cuisine pour me protéger derrière le mur, comme je l’aurais fait là-bas dans un trou de combat. Dans la cuisine, dos au mur, je cherchais mon fusil… Lui trouvait ça amusant, il croyait que je jouais à la guerre; ma femme, elle, a tout de suite vu que ça n’allait pas. Je ne la voyais plus, j’avais l’impression de faire un rêve, un rêve en plein jour, mais j’entendais sa voix, au loin. Elle m’appelait, comme elle le fait tout le temps, pour essayer de me faire redescendre. C’était tellement déconnecté de l’Afgha que peu à peu, je suis revenu, jusqu’à ce que mon fils me prenne dans ses bras pour me faire un câlin. »
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