À mains nues
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CE QU’EN DIT L’AUTEURE
J’aimerais montrer la complexité d’un chemin où l’individu est autant l’auteur de ses choix qu’il est « fabriqué » par les autres, où distinguer son propre désir peut prendre du temps, tout comme désobéir aux attentes, souvent implicites, de son entourage et de la société. J’explore la notion de norme, la façon dont elle nous sécurise et nous enferme à la fois.
Le titre À mains nues peut alors évoquer un combat, un corps-à-corps, et faire entendre une certaine urgence. Il peut aussi faire entendre une forme de sensualité, une sexualité solaire, qui libère, réconcilie.
Une expérience intime et collective
La narratrice explore la question du désir et de l’attachement à la lumière du parcours d’une femme et de ses expériences sexuelles et affectives. Comment devenir et rester soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent? La narratrice revisite toute sa vie, de l’enfance à l’âge adulte et se projette aussi dans la vieillesse. La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.
Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La femme brouillon sur la représentation des femmes dans l’imaginaire collectif et leur émancipation.
Une narration éclatée
Le récit est construit sur des allers-retours entre le « je » actuel d’une femme trentenaire qui réfléchit sur elle-même et le « elle » de la petite fille, puis de la jeune fille, puis de la jeune femme qu’elle fut. Ce dispositif montre à quel point nous sommes habités par l’enfant et l’adolescent que nous avons été. Parfois, un « je » apparaît dans le « elle » pour marquer cette porosité entre les différentes périodes de la vie et jouer de ce cadre narratif.
Une invitation à voir autrement
L’écriture directe propose des phrases courtes et imagées. Elle procède par fragments qui permettent une distance par rapport à l’expérience de la narratrice et invitent le lecteur ou la lectrice à s’emparer du texte et à le faire sien. L’écriture se fait le lieu d’un questionnement nécessaire et salutaire pour transformer la société et les rapports entre les sexes qu’elle impose.
Amandine Dhée est écrivaine et comédienne. L’émancipation, notre rapport à autrui et à notre environnement de vie sont les thèmes récurrents qui marquent son travail, distingué par le prix Hors Concours pour La femme brouillon en 2017. Son besoin d’exploration des formes l’amène régulièrement sur scène pour partager ses textes lors de lectures musicales ou encore pour y interpréter un rôle dans l’adaptation de ceux destinés au théâtre.
Et quand on jouit, encore faut-il jouir de la bonne façon. Car nos fantasmes nous encombrent. Ça veut dire quoi de jouir en s’imaginant pute ou salope? Cela signe-t-il notre défaite ou notre victoire? Vaguement trahies par nos inconscients, la faillite de nos imaginaires, nous rêvons à des fantasmes 100% éthiques, où notre morale domine. Nous voudrions gendarmer nos désirs, être pures. Nous détestons nos recoins obscurs, comme si notre engagement politique n’était qu’une posture, et voilà, nouvelle rasade de honte. Mais dans nos fantasmes, n’est-ce pas toujours nous, les cheffes? À force de rêver à du cul politiquement correct, on s’empêcherait presque de jouir. Quand cesserons-nous d’avoir peur de nous-mêmes?
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
