Revenir de loin
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Après dix-huit jours de coma, Yolande se réveille, la mémoire blanchie et le corps sourd à sa volonté. De tout son passé n’émanent que quelques bribes de poésie — strophes éparpillées qui ne l’éclairent pas. Ceux qui se disent « les siens » ne lui inspirent aucun sentiment bienveillant, tout au contraire… Son esprit vif, tranchant, trouve un écho inattendu dans les propos crus et choquants d’un très jeune visiteur qui est soigné non loin de sa chambre.
Quand on n’a plus de passé, peut-on recommencer sa vie sur de toutes nouvelles bases ou est-on asservi à d’anciens choix qu’on ne reconnaît plus ?
« À les entendre, ils veulent tous que j’ouvre les yeux. Ils n’aimeront pas mon regard, ça c’est sûr. Ils risquent de beaucoup regretter le temps béni où j’étais une larve démunie au fond d’un lit. Cette petite chose à qui ils pouvaient donner leur version édulcorée des faits. Celle qui leur donnait l’occasion de faire bonne figure. Je ne pense pas qu’ils revoient jamais la Yolande de leur passé. Moi, je ne veux plus la voir. »
PRIX DU GRAND PUBLIC DU SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL (2011) ET DU SALON DU LIVRE DE LA CÔTE-NORD (2011)
L’écrivaine, auteure dramatique, comédienne et metteur en scène Marie Laberge a créé au fil des années une œuvre riche en émotions, caractérisée par sa fine analyse du tourment affectif. Lus à travers la francophonie, ses livres connaissent un succès international tout en s’ancrant solidement dans la réalité et l’histoire du Québec. De la saga familiale à l’intrigue policière, l’auteure navigue avec aisance entre les genres et propose à ses lecteurs des textes au souffle puissant.
« Je devais être assez pitoyable, avant. Une pauvre petite chose qui pleure pour un rien, qui se mine pour un silence et qui n’ose jamais demander aux autres de s’expliquer, de peur de les bousculer ou de les déranger. Tiens ! Le portrait de ma fille, on dirait. Cette Annie qui s’émeut tant à s’asseoir près de moi ! Un petit coma ne lui ferait pas de tort, à elle. Ça l’immuniserait contre l’apitoiement et autres indulgences personnelles. Ça lui permettrait de se recentrer.
À les entendre, ils veulent tous que j’ouvre les yeux. Ils n’aimeront pas mon regard, ça c’est sûr. Ils risquent de beaucoup regretter le temps béni où j’étais une larve démunie au fond d’un lit. Cette petite chose à qui ils pouvaient donner leur version édulcorée des faits. Celle qui leur donnait l’occasion de faire bonne figure. Je ne pense pas qu’ils revoient jamais la Yolande de leur passé. Moi, je ne veux plus la voir. »
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