Bonheurs caducs (Les)
Bonheurs caducs (Les)
Héroux, Élyse-Andrée  
  • Éditeur : Québec Amérique
  • Collection : Latitudes
  • EAN : 9782764428450
  • Code Dimedia : 000195685
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI, SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Femmes / Féminisme, Littérature québécoise
  • Pages : 384
  • Prix : 24,95 $
  • Paru le 25 février 2015
  • Plus d'informations...
EAN: 9782764428450

Dans la vie de Rosemarie, tout a changé.
Avant, elle aimait travailler à la maison d’édition. Le patron, un homme bon, lui donnait envie de se lever le matin pour slalomer dans l’heure de pointe. Elle avait un amoureux, avoir un amoureux c’est pas négligeable. Et les copines lui faisaient un si beau filet de sécurité. Avec elles, c’était super de trinquer le vendredi.
Puis ça s’est mis à dérailler. Au boulot, un nouveau patron dompe sur son bureau patates chaudes et projets plates; la nouvelle éditrice, peau de vache ambitieuse, la tient sous son talon-aiguille. Son flanc-mou de frère l’a recueillie quand l’amoureux a détalé – toujours mieux de payer le loyer à deux –, chez lui ça pue le graillon et la bière tablette. Et entre elle et les copines se sont creusés de profonds fossés.
Dans la vie de Rosemarie, tout a changé, sauf elle. Figée dans une existence qui ne lui ressemble plus, elle voit se dessiner peu à peu l’inéluctable : bientôt elle sera mûre pour péter une bien belle coche.
L’histoire tendre et désopilante d’une jeune femme qui touche le fond.

AUTEUR(S)

Élyse-Andrée Héroux est née à Québec en 1975. Montréalaise d'adoption, elle est directrice littéraire, rédactrice et réviseure depuis quinze ans dans le milieu de l'édition. Elle a publié deux romans, en plus d'avoir prêté sa plume aux biographies de quelques artistes et personnalités publiques.

Extrait

C’était fanfare. Surenchère de bruit. Tonitruade. Rosemarie dodelinait de la tête, un sourire laxe aux lèvres. Laissait venir à elle les bribes assez braves pour sillonner, au-dessus de la table, la poche d’air chargée de postillons et d’éclats de rire. C’était comme plonger dans l’eau tiède, devenir sourd et à la fois tout entendre en même temps, en désordre. Elle, elle n’avait rien à dire, rien à ajouter, plus de place de toute façon, ses réparties auraient poireauté à la porte des conversations. Ainsi elle se contenta de baigner dans ce bastringue si dense qu’elle pouvait presque voir ses propres boucles flotter autour de son visage. Après un long moment elle songea que le lendemain matin il faudrait se lever. Son départ du bar passa inaperçu. 
Elle descendit de l’autobus au coin de chez elle, tituba sur le trottoir, puis passa la porte. Jean-Marc, assis devant la télé, amenait à sa bouche une fourchette embobinée de spaghettis. Il interrompit son mouvement, d’abord pour se moquer des joues roses de sa sœur, ensuite pour se ruer vers elle – elle venait de trébucher sur le rebord du petit tapis d’entrée.
— Grosse soirée ? Il est juste dix heures et quart!
— Mesh eul afleuj…, répondit-elle.
— Tant que ça ?! Eh ben, c’est beau la jeunesse ! On est lundi, ciboire !
Oh! Ohh! Comme elle aurait voulu être encore juste assez sobre pour lui rappeler ces deux cent quatre-vingt-six fois où elle l’avait ramassé ivre mort dans l’entrée. Ces samedis, ces lundis, ces fins de soirée, ces matins ensoleillés, ces jours où ce n’était ni sa fête ni le jour de l’An ni rien et où il s’était quand même roulé dedans gaillardement.




NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.