Marque de naissance (La)
Marque de naissance (La)
Nouveau
Howe, Susan  
Cazé, Antoine (Traduit par) 
Cazé, Antoine (Postface de) 
  • Éditeur : Ypsilon
  • Collection : Littérature / Fragile
  • EAN : 9782356540898
  • Code Dimedia : 000184235
  • Format : Broché
  • Thème(s) : LITTÉRATURE - FICTION & ESSAI
  • Sujet(s) : Écriture / Lecture / Livres, Littérature - Essai / Critique, Littérature américaine
  • Pages : 288
  • Prix : 48,95 $
  • Paru le 21 mai 2019
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EAN: 9782356540898

Après son grand essai poétique consacré à Emily Dickinson, Susan Howe continue d’arpenter les chemins de traverse de cette forêt primitive qu’est la Nouvelle-Angleterre puritaine dans La Marque de naissance. Dans cet ouvrage inclassable, quatre essais d’une rare densité, encadrés par une double préface et une interview, composent un kaléidoscope à travers lequel s’observent les fragments d’une mémoire transgressive qui entend opposer sa perception non conformiste du passé aux récits dominants propagés par l’histoire officielle. Contrairement à ce que fait le récit linéaire d’une colonisation (settlement), il s’agit pour l’auteur de méditer sur les traces historiques et littéraires de ce qu’elle repère comme le caractère fondamentalement antinomien de la culture américaine. Le point de départ historique de ces essais est en effet la crise qui, presque à l’origine (1636-37), déchira l’établissement des colonies puritaines en Nouvelle-Angleterre, crise déclenchée par le radicalisme spirituel d’une femme, Anne Hutchinson… Et il est de première importance que cette réécriture de l’histoire littéraire américaine soit marquée par le genre : dans le conte d’Hawthorne (« La Marque de naissance », dont Howe reprend explicitement le titre ) en effet, c’est au nom d’un idéal de beauté féminine soumise qu’Aylmer veut « rectifier » son épouse Georgiana; tout comme les hommes de la Colonie de la Baie de Massachusetts, de Thomas Shepard à John Winthrop, voulurent réduire au silence Anne Hutchinson, et comme les éditeurs voulurent – par leurs procédures de standardisation éditoriale – domestiquer Emily Dickinson. À sa manière puissamment originale, Susan Howe contribue à une relecture féministe de la culture américaine. Mais La Marque de naissance n’est pas qu’un livre d’histoire, ou plutôt de contre-histoire réécrite depuis les marges : elle désigne par là aussi, l’espace blanc qui entoure le texte sur une page– espace encore vierge, non colonisé, où tout reste à écrire, et où les « cormorans de bibliothèque » aiment à annoter le texte de leurs marques. Howe restaure symboliquement les marques de naissance qui font la singularité d’une œuvre, la sienne incluse. Il s’agit incontestablement de littérature, et à son plus intime.

AUTEUR(S)

Née en 1937 à Boston, Susan Howe est l’une des poètes majeures de sa génération, reconnue principalement pour sa poésie expérimentale qui transcende les genres littéraires et les disciplines en s’appuyant sur une approche non conformiste (au sens théologique) de l’histoire et de la théorie. Souvent complexe et allusive, son œuvre est pétrie de l’histoire des colonies puritaines de la Nouvelle-Angleterre, dont elle utilise abondamment les documents primaires, créant un collage de citations que sa pratique typographique expérimentale rend à la fois palpable et problématique. Parfois associée à la mouvance des Language Poets, Susan Howe en partage l’expérimentalisme tout en poursuivant sa voie personnelle, absolument antidogmatique. Son travail s’attache à problématiser l’espace de la page et son impact tout autant visuel que sémantique sur le lecteur : sa façon de disposer les vers sur la page explore littéralement toutes les directions (verticale, horizontale, inversée, oblique), elle utilise les blancs typographiques, la rature, le gommage et le collage de façon particulièrement puissante. Cette combinatoire visuelle est également présente dans son utilisation d’images au sein du texte et joue volontiers sur les proximités visuelles et phonétiques entre les mots. L’attention qu’elle porte ainsi à la matérialité du langage et de la conscience qu’il exprime la conduit à reconnaître l’importance de l’histoire et à interroger cette dernière, tout en reconnaissant ce qu’elle nomme « l’incommensurable erreur de calcul de l’histoire », ce qui l’empêche d’accepter l’histoire en tant que vérité. Les embûches et les richesses de l’histoire constituent l’un des enjeux constants de son écriture, qui s’interroge également avec pertinence sur la relation du féminin avec l’histoire et l’écriture. Cette double polarité de son œuvre est particulièrement palpable dans Mon Emily Dickinson, pièce centrale de son œuvre, inaugurant la manière singulière qui est la sienne, où s’entremêlent et se fertilisent les genres de l’essai et de la poésie expérimentale. Comme elle a pu le dire elle-même à plusieurs reprises, l’histoire est pour elle un fil ininterrompu qui informe inconsciemment son écriture. Sa fascination pour les textes historiques se cristallise autour des XVIe-XVIIe siècles, plus précisément de la naissance et de l’évolution du protestantisme, dont les Puritains de Nouvelle- Angleterre furent une expression dissidente ayant marqué à jamais l’imaginaire américain.




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