Terre de l'insolence (La)
Terre de l'insolence (La)
Une anthropologie des conflits
Israël, Nicolas  
  • Éditeur : Belles Lettres (Les)
  • Collection : Hors collection
  • EAN : 9782251448367
  • Code Dimedia : 000180522
  • Format : Broché
  • Thème(s) : SCIENCES HUMAINES & SOCIALES
  • Sujet(s) : Guerre, Philosophie, Sciences humaines - Divers, Sociologie / Anthropologie, Terrorisme
  • Pages : 284
  • Prix : 39,95 $
  • Paru le 19 octobre 2018
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EAN: 9782251448367

L’observateur extérieur peut être surpris par les retournements d’alliances observés dans les groupes tribaux. Il se trouve que les dynamiques qui gouvernent ce type de revirements sont bien connues des anthropologues. Les chefs tribaux ne sont pas des êtres déloyaux, particulièrement opportunistes, comme le déplorent les stratèges qui s’adonnent à la contre-insurrection. S’étonner qu’un chef tribal revienne régulièrement sur ses engagements, qu’il procède à de fréquents retournements d’alliance, décidant de soutenir le gouvernement central ou l’insurrection en fonction des circonstances, c’est méconnaître la fidélité impérissable qui le lie à son lignage, son souci constant d’assurer la prospérité de ses partisans.
 
Or il se trouve qu’un nouveau phénomène s’est manifesté qui complique la dynamique tribale. L’apparition d’affiliations religieuses exclusives semble entraver la capacité légendaire des groupes tribaux à nouer des alliances au gré des circonstances. Pour ce qui est de l’Irak, la confessionnalisation de la société à travers l’opposition sunnite/chiite rend plus difficile le retournement traditionnel des tribus. Cette tendance est généralisée par le fait qu’en période de conflit, les individus sont enclins à se convertir à une idéologie, fût-elle radicale, si elle assure leur protection.
 
Face à ces tensions sectaires, il est temps de reconnaitre que la politique occidentale de State building telle qu’elle a été conduite sur de nombreux théâtres depuis 2003 a échoué, qu’elle exacerbe les conflits au lieu de les apaiser. Les groupes djihadistes, au contraire, sont mieux capables d’exploiter le désir d’autonomie des populations et d’apparaître comme un rempart contre un État totalitaire.
 
Cette vision des groupes djihadistes comme la source d’une nouvelle liberté d’action est également présente dans une certaine frange de la jeunesse occidentale qui peut être tentée de rejoindre l’État islamique, puisque ce qui est interdit au nom des valeurs sociales devient autorisé au nom de Dieu.

AUTEUR(S)

Nicolas Israël, agrégé et docteur en philosophie est professeur en classe préparatoire et expert auprès de la Commission européenne (Dir. De la recherche et de l’innovation). En 2006 il publie sa thèse, Généalogie du droit moderne, dans la collection « Critique de la politique ». Ses travaux de philosophie politique l’ont conduit à concentrer ses recherches dans une perspective anthropologique sur la question de la lutte anti-insurrectionnelle et antiterroriste. Il a ainsi réalisé une série d’études pour la Gendarmerie nationale, le groupe Airbus, l’European Defense Agency et la DAS-DGRIS.
 




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