Escorial
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Des dirigeants puissants et riches comme jamais mais dont l’idéal se teinte de pauvreté, une affirmation renouvelée de la foi par des corps que l’inquisition n’a jamais eu autant tendance à faire souffrir, la découverte d’une Asie dont la pensée immanente et la sensualité fascinent, mais que l’on souhaite soumettre en l’évangélisant… L’Espagne du XVIe siècle est, par excellence, le lieu de concaténation des extrêmes ! Et de cette époque, François Borgia, né en 1510, mort en 1572, parait être, et l’incarnation parfaite, et la meilleure mise en question!
Neveu de la célèbre Lucrèce, duc de Gandie, Vice-Roi de Catalogne, Grand Général des Jésuites, grandement estimé par Charles-Quint puis par Philippe II, confident de la très belle Isabelle de Portugal – dont il sera chargé (épisode célèbre et tragique) de reconnaitre le corps –, canonisé en 1671, il offre une image toute en nuances des «paradoxes» de son temps. En en suivant la vie et l’oeuvre dans tous ses détails, Miklos Szentkuthy nous permet d’embrasser comme jamais ce lieu et ce temps exceptionnels.
Vibrante histoire d’amour, histoire des délires naissants de notre modernité – le livre fut écrit en 1940 –, entremêlant avec génie fait et fiction, Escorial, s’il demeure cette fête baroque et démesurée du langage et de la pensée à laquelle nous avaient habitué les deux premiers tomes du Bréviaire de Saint-Orphée (En Marge de Casanova et Renaissance noire), en est aussi la porte d’entrée idéale. En effet, d’une narration plus linéaire, largement moins digressif, plus empathique, centré sur un personnage, Escorial est sans conteste d’un abord plus aisé que les deux précédents volumes pour appréhender ce chef d’oeuvre de la littérature.
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