Cure-dent (Le)
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Décrivant avec érudition la vie du savant et poète perse du xie siècle Omar Khayyam, Jean-Yves Lacroix brouille le genre de la biographie. Les faits avérés deviennent des jalons entre lesquels il n’hésite pas à laisser parler son imagination ou à s’identifier à cet hédoniste triomphateur.
Né à Nishapour, l’éminent Khayyam réforme le calendrier en 1079. Cette contribution majeure à l’unification du pouvoir lui assure la protection de l’Empire. Génie indocile, il se retire de la vie publique après avoir écrit des traités capitaux. Il a trouvé mieux à faire : boire inconsidérément, louer l’ivresse, célébrer la beauté. Sa ville natale devient le lieu privilégié de ses déambulations. Il fréquente le quartier des artisans, les tavernes. Blasphémateur inspiré, à une époque où l’orthodoxie religieuse s’intensifie, il écrit les Rubaï’yat, quatrains considérés comme « des serpents venimeux pour la loi divine » !
Il se réclame de son maître, Avicenne, alcoolique méthodique, et s’emploie à l’égaler. C’est dans une taverne que se noue une aventure fusionnelle avec une poétesse… promise à un autre. Cet amour contrarié bouleversera Khayyam. Un cure-dent en or, trouvé dans un bazar, symbolisera sa « résurrection ».
Décrire, c’est toujours inventer, et Jean-Yves Lacroix le fait fort bien. D’hypothèses volatiles en bonheurs d’écriture, il achève son récit par un autodafé, le plus beau pied de nez que l’on puisse faire au « savoir ».
Vice-champion du monde de Scrabble catégorie Cadet en 1983, Jean-Yves Lacroix est né en 1968 à Grenoble. Libraire de livres anciens, il a également traduit plusieurs ouvrages d’Herman Melville dont Bartleby et, au printemps dernier, Moi et ma cheminée. Le Cure-dent est son premier récit.
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