Fleurs d'ombre
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« Depuis qu’elle était revenue, elle regardait les fleurs d’ombre. Elles se projetaient sur la paroi de son studio de banlieue, après l’école. La lumière passait à travers le rhododendron, le ficus, le clivia posés devant la fenêtre et dessinait leur ombre sur le crépi. Des fantômes, au lieu des faits du jour. »
Ainsi s’ouvre Fleurs d’ombre, le dernier des courts récits de ce recueil empreint de la précise délicatesse d’Alberto Nessi. Confidences ou dialogues intérieurs, mélancolie ou traces de bonheur, autant d’instants que l’auteur suspend devant nous pour mieux en révéler la profondeur.
Les vies ordinaires n’ont rien d’ordinaire sous le regard fraternel de l’écrivain, qui s’approche des êtres composant la foule humaine pour les cerner jusqu’en leur cœur : « Une feuille pour combattre le mal, se dit l’homme. Une poésie. La kalachnikov disparaîtra de la vitrine du centre, je saurai regarder ma bien-aimée en face, toutes les statues décapitées retrouveront la tête et ce sera enfin le commencent d’une année nouvelle ».
Publié en 1997 en italien aux Éditions Casagrande, puis en 2001 aux Éditions de La Dogana, dans une traduction française de Christian Viredaz, Fleurs d’ombre a été couronné la même année par le Prix Lipp. La présente édition reprend la traduction de Christian Viredaz, et est accompagnée ici d’une préface inédite de Jérôme Meizoz, écrivain et professeur à l'université de Lausanne.
Figure centrale du monde littéraire de la Suisse italienne, Alberto Nessi (1940), poète et romancier, est entré en écriture avec I giorni feriali, recueil de poésie publié en 1969 aux Éditions Pantarei. Suivront plusieurs ouvrages en poésie et en prose, pour la plupart traduits en français : ainsi Terra matta (Éditions Zoé, 1988), La couleur de la mauve (Éditions Empreintes, 1996), ou encore Milò (Bernard Campiche Éditeur, 2016). Alberto Nessi a été en 2016 le lauréat du Grand Prix suisse de littérature.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.