Dans La France et nous, célèbre essai paru en 1947, Robert Charbonneau s'insurge contre l'idée que la culture québécoise entretienne avec la culture de la "mère-patrie" une relation de stricte dépendance. S'il revendique pour la culture d'ici une certaine autonomie, il témoigne surtout de l'apparition récente d'un nouveau pôle de référence: les États-Unis, d'où provient selon lui la véritable nouveauté. Une notion nouvelle fait son entrée, celle de l'américanité, dont s'est emparée la littérature québécoise -- celle des road trip, de la culture de consommation de masse -- avec les oeuvres de Ducharme, Godbout, Poulin et Hamelin et qui n'a cessé, depuis, de gagner en importance. C'est l'histoire et la culture québécoises qui font désormais l'objet d'une relecture. Mais jusqu'à quel point cette américanité -- par-delà certains traits typiques de notre mode de vie (qui, au demeurant, sont désormais partagés par l'Occident tout entier) -- est-elle ancrée dans le réalité et ne relève pas aussi d'une sorte de fantasme? À quelle Amérique, ou à quelle dimension (territoriale, politique, culturelle, linguistique) de l'Amérique, peut-on aujourd'hui s'identifier pleinement?

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