Consommation responsable (La)
|
« Acheter c'est voter! » Ce slogan popularisé au Québec par Laure Waridel, cofondatrice d'Équiterre, semble de plus en plus être repris par tout un chacun. Manger bio, acheter local, encourager une compagnie aux valeurs proches des nôtres, ces gestes deviennent habituels, normaux, et donnent aux activités quotidiennes de chaque individu un sens politique. Nous ne votons plus qu'une fois tous les quatre ans; nous le faisons tous les jours! Commerce équitable, consommation solidaire, verte, éthique, simplicité volontaire, ces nouvelles formes d'engagement pourraient transformer profondément notre société de consommation, même affecter tout le système économique mondial.
Or, pour certains, la consommation responsable ne serait qu'un leurre, qu'une stratégie qui s'insère tout à fait dans l'économie actuelle, un nouvel artifice publicitaire qui « capitalise » sur la « conscience sociale » des « citoyens-consommateurs », sans modifier les fondements des inégalités sociales. Un outil pour freiner les critiques envers l'économie néolibérale en amoindrissant ses effets pervers. Simplement un autre moyen de valoriser la consommation elle-même et, donc, de faire fonctionner le système basé sur la croissance économique. Ces doutes, chaque citoyen responsable y est confronté. Et bien malin qui peut prétendre répondre avec certitude!
C'est pour affronter cette difficile mais cruciale question que le CEPS a organisé le séminaire qui mena à la rédaction de ce livre : la consommation responsable est-elle au service du néolibéralisme? Les réponses furent si nombreuses et si passionnées que la discussion dépassa largement les frontières du séminaire. Ce livre résume différents points de vue soulevés par ce débat, donne la parole à des gens de spécialités et d'idéologies variées, et propose quelques réponses. Ce sont ces voix que nous aurons en tête la prochaine fois que nous nous demanderons s'il vaut mieux faire moins de cadeaux à Noël; s'il vaut mieux acheter des bleuets bio importés ou des bleuets locaux non-bio; s'il est raisonnable de payer 2 fois plus cher une veste de design québécois... Si acheter c'est vraiment voter, alors assurons-nous que ces votes comptent.
Serge Mongeau, auteur, militant, éditeur; Julie Jacques, doctorante en sociologie à l'Université du Québec à Montréal et Patrice Rodriguez, membre fondateur de l'organisme Parole d'excluEs et membre du CEPS, ont été invités à faire cette réflexion par le CEPS.
Le Collectif d'études sur les pratiques solidaires (CEPS) est une équipe multidisciplinaire où les membres poursuivent des recherches sur les modèles alternatifs d'insertion sociale, les relations économiques alternatives, l'autogestion et l'organisation coopérative, dans une perspective de renouvellement des pratiques et des discours sur la solidarité économique et sociale entre pays du Nord et pays du Sud, et surtout entre les régions du Nord. Le groupe se déploie dans la multidisciplinarité - anthropologie, géographie, gestion, sociologie, travail social, action communautaire - au sein de deux pôles universitaires : l’UQÀM et l'Université de Montréal. Il regroupe des étudiantEs des trois cycles, des chercheurEs universitaires et sociaux et englobera dans un avenir rapproché d'autres acteurs sociaux.
NB : Les prix indiqués sont sujets à changements sans préavis.
