Une synthèse remarquable et originale de l’histoire des sociétés humaines, à travers le prisme des rapports des humains avec l’énergie et des modes d’organisation sociale qu’ils impliquent.
 
 
L’énergie est partout dans nos vies et traverse l’ensemble des activités humaines. Or, l’utilisation que nous en faisons engendre aujourd’hui des conséquences inédites. Selon certains scientifiques, les perturbations de la bio-géosphère occasionnées par les activités humaines sont si intenses qu’il serait nécessaire de changer le nom de l’époque géologique dans laquelle la Terre se trouve : nous aurions depuis peu quitté l’Holocène, en cours depuis 12 000 ans, pour entrer dans l’Anthropocène, c’est-à-dire dans l’« époque de l’homme ». Comment en sommes-nous arrivés là? Comment avons-nous acquis la capacité de perturber à ce point le fonctionnement du système Terre? Cette trajectoire était-elle inévitable? À qui en incombe la responsabilité?
 
Pour tenter de répondre à ces questions, Victor Court propose de mener une réflexion sur la façon dont l’exploitation des ressources énergétiques a influencé les modes d’organisation sociale ainsi que les rapports de domination de l’humanité sur son environnement, d’une part, et de certains humains sur leurs semblables, d’autre part. Comprendre l’importance de l’énergie et des relations d’exploitation dans l’histoire, c’est aller aux sources de tous les changements qu’a connus l’humanité au fil de son évolution, et se retrouver à aborder les questions suivantes : comment nos ancêtres sont-ils devenus bipèdes? Quel rôle ont joué la domestication du feu et le pistage? L’inégalité entre individus existait-elle au Paléolithique? Quelles conditions ont été nécessaires pour voir émerger l’agriculture il y a environ 12 000 ans? Quand et comment l’État est-il apparu, et quel a été son rôle dans l’histoire? Comment se fait-il que l’histoire des sociétés humaines ait été si lente pendant des millénaires au regard de l’accélération fulgurante des deux cents dernières années? Et pourquoi la révolution industrielle est-elle née d’abord dans une région spécifique de l’Europe et a provoqué un tel emballement du monde depuis?
 
En cherchant des réponses à ces questions, l’auteur s’interroge ultimement sur le sens à donner au concept d’Anthropocène, et à voir en quoi celui-ci est pertinent pour comprendre le monde actuel. Comme toute synthèse historique implique inévitablement un travail de sélection des faits, l’auteur se garde bien de prétendre avoir des réponses définitives pour toutes les interrogations qu’il soulève. Mais son grand mérite est d’arriver à développer une vision cohérente et enrichissante de l’histoire des sociétés humaines pour retrouver un peu d’aplomb face à un monde qui est souvent jugé comme trop complexe pour être compris. Et loin de s’en tenir à une simple chronique de la grande aventure humaine, l’auteur conclut en se demandant vers quels futurs courrons-nous : celui d’un salut par le progrès, ou celui d’un effondrement global? Et si, en raison de la finitude des ressources, la voie à prendre était plutôt celle de la sobriété?

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