On aurait pu croire que notre époque, qui se targue d'être plus subtile, plus informée et plus « conscientisée » que toutes les autres, aurait mis fin à cette vieille chose petite-bourgeoise et bassement industrielle qu'est le kitsch. Il est vrai qu'en se moquant des nains de jardin, des flamands roses en plastique ou des scènes de la vie de banlieue — mieux : en les « détournant » en œuvres d'art —, notre époque peut se donner l'illusion d'une conscience esthétique supérieure à celle d'il y a soixante ou cinquante ans. Mais c'est oublier que le vrai kitsch est celui qu'on ne voit pas, qu'il loge aussi bien dans l'ancien que dans le nouveau, dans le conformisme que dans la « subversion », et qu'il n'est même jamais mieux installé que dans ce que nous célébrons.

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