La volupté, thème associé à l’édition 2010 des Donneurs de Joliette, a constitué la pierre d’assise de ce recueil qui recoupe à la fois des fragments de silence et d’érotisme.
 
Avons-nous osé déjà parler de volupté? Quel destin trouble nous guette quand on la découvre, fragile et tremblante, dans la paume d’une main? Ce sentiment d’abandon et d’enivrement… qui ne l’a pas maintes fois conjuré ? C’est le bonheur d’un soir d’été trop chaud, une baignade lumière au détour de la nuit, c’est encore la musique des sens réveillés pour chaque centimètre de tendresse.
 
Vingt auteurs, donc, toutes générations confondues, ont risqué une histoire, un scénario, un mot troublant. La volupté, princesse capricieuse, s’est parfois laissée échouer au coin d’une rue ou dans l’antre d’une prière tardive. Comment conjuguer l’appel à un sort qui vous en prive? Certes, le thème semblait inspirer une aisance originelle – même le plaisir, pourquoi pas des audaces ? – mais il nous est apparu qu’il rencontrait d’abord une certaine résistance chez les auteurs. C’est par cette résistance à parler de volupté qu’ils se sont vus invisiblement liés les uns aux autres. Ils ont ainsi fait rouler, au terme d’une longue gestation, des pierres et des mots, des enjeux et des risques, chaque auteur, à sa façon, faisant une très longue pause avant de jeter l’aveu. C’est d’ailleurs là toute la beauté de ce recueil.

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