Thaïs
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À Québec, les touristes aiment bien flâner dans le quartier du Vieux-Port. Presque tous s’arrêtent au pied de la Côte de la Montagne pour admirer la Fresque des Québécois ornant le mur d’un édifice de la Place Royale. Cette femme qu’on peut voir en haut à droite avec de petites lunettes rondes et une robe verte toute simple, c’est Thaïs Lacoste-Frémont.
La biographie de Thaïs Lacoste-Frémont permet de revisiter une partie de l’histoire politique et sociale du Québec de 1925 à 1960. Nous observerons comment une femme issue d’une grande famille bourgeoise montréalaise a réorienté la philanthropie dévolue aux femmes de sa classe vers l’éducation civique et l’action politique. Elle ne s’est pas contentée de marquer la vie sociale et politique de Québec, sa ville d’adoption, mais a élargi son action aux plans national et international.
Thaïs se décrit elle-même comme une semeuse. Avec beaucoup d’énergie, elle s’est employée à ouvrir aux femmes le chemin vers leur liberté. Cette combattante éprise de justice et d’équité n’est pas la seule à avoir cru en nos capacités d’agir sur notre destin. Elle sert ici de témoin pour toutes les Québécoises qui ont oeuvré et travaillent toujours dans les associations féminines pour l’amélioration de nos conditions de vie. On sait que les acquis obtenus au chapitre de nos droits démocratiques sont fragiles. La vigilance des femmes doit rester en éveil.
Une des premières figures féministes de la ville de Québec qui a donné son nom à l’édifice du Conseil du Statut de la femme. Thaïs fait partie de la grande famille Lacoste qui nous a donné plusieurs grands Québécois dont Marie Lacoste Gérin-Lajoie, fondatrice de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste ; Justine Lacoste Beaubien, fondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal; Marie-Justine Gérin-Lajoie, fondatrice de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil, groupement religieux d’avant-garde voué à l’action sociale ; et Paul Gérin-Lajoie, premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec. Les événements de son époque trouvent leur écho ou leur prolongement dans les débats actuels : on pense à la place de la femme dans la vie sociale, au patronage politique et aux abus de pouvoir; aux affrontements entre le laïc et le religieux et à une certaine ouverture sur le monde.
Denise Girard a travaillé comme gestionnaire aux Services des bibliothèques de l’UQAC et de l’UQÀM. Elle est détentrice d’un doctorat en ethnologie de l’Université Laval de Québec, d’un baccalauréat et d’une maîtrise en histoire à l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle a publié Mariage et classes sociales (2000) et a contribué à plusieurs ouvrages collectifs de recherche.
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