Maurice K. Séguin était avant tout un chercheur. Professeur de géologie à l'Université Laval, il fut aussi consultant international à titre de géophysicien. Il avait aussi son jardin secret qu'il partageait avec l'archéologue, René Lévesque.

Pendant des années, tous deux ont consacré leurs moindres loisirs à l'étude de Samuel de Champlain. L'un cherchait à percer les mystères du personnage à travers les documents, l'autre à partir de sa sépulture. Sur Champlain, il a laissé quelque 2 000 pages d'un texte dense. Les 30 premiers chapitres sont chronologiques et suivent Champlain de la naissance à la mort. Chaque chapitre est accompagné d'un énorme index souvent aussi long que le chapitre lui-même. Dans ce qu'il nomme un index, Séguin présente tous les noms propres, personnes et lieux, mentionnés précédemment. Si un nom est répété, parfois il ajoute des informations, le plus souvent il renvoie au chapitre où il a d'abord été cité.

Pour la suite de son récit, Séguin adopte une approche thématique; la même matière est reprise différemment et les index ne sont plus utiles.

Champlain le fascine; il le voit avec des yeux d'aujourd'hui. Pour lui, Champlain est un « manager », un entrepreneur, aussi un rêveur. Il cherche à le comprendre et n'hésite pas à recourir à des notions modernes ou à ses propres observations des comportements humains pour le saisir et l'expliquer.

S'il ignore le comportement de Champlain dans une circonstance précise, il lui arrive de suggérer qu'en pareil cas un homme comme Champlain aurait agi de telle manière. Il aime jouer au psychologue et recourt volontiers aux références religieuses. Il puise dans sa connaissance des diverses religions alimentée par ses divers voyages, en Inde tout particulièrement.

En se tournant vers l'histoire, il avait réalisé l'existence d'un autre historien du même nom, ce Maurice Séguin, collègue de Guy Frégault et Michel Brunet, dont l'influence a été énorme sur l'évolution de la pensée nationaliste depuis les années 1960. Pour se distinguer, il devint Maurice K. Séguin, le K du prénom suédois Kristom.

Ainsi, il rédige un long chapitre pour expliquer l'éducation reçue par Champlain. Hélas, on n'en sait rien, mais Séguin ne se laisse pas arrêter pour autant. Il se documente sur ce qui existait à l'époque et reconstitue ce qu'ont pu être les études faites par Champlain. Le présent ouvrage garde de nombreuses traces de cette façon de faire de l'auteur, surtout pour la partie thématique. Certains spécialistes pourront s'en inquiéter, mais le procédé est normal pour un biographe. Ce qui joue parfois des tours à Séguin, c'est moins l'absence de documentation qu'une admiration sans borne pour son personnage qui, de toute évidence, fascinait également René Lévesque.

Samuel de Champlain mérite cet hommage. Non seulement les historiens du Québec l'ont-ils passablement ignoré, mais il s'en est trouvé pour lui contester ses mérites. Ce Champlain et son époque prend maintenant place à côté des ouvrages de Parkman, Bishop, Armstrong, Heidenreich. Il était temps qu'un auteur québécois ajoute sa pierre au monument de cet immense personnage.

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