Qu'est-ce qu'un génocide ?
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GÉNOCIDE. Le mot a envahi les discours les plus hasardeux, il est pollué par le détournement de sens ou le contresens. Autant de raisons, dans ces circonstances, pour garder les idées claires, de lire et relire Raphael Lemkin (1900-1959) qui l’inventa. Un retour à sa réflexion fondamentale est plus que jamais nécessaire.
C’est au terme d’une longue et minutieuse enquête sur les persécutions nazies au moment même où elles se déroulaient que Raphael Lemkin, juriste polonais d’origine juive, a forgé le mot GÉNOCIDE, concept qui apparaît pour la première fois dans son ouvrage Axis Rule in 0ccupied Europe, publié en 1944. Avec les neufs chapitres analytiques reproduits ici et d’autres textes associés s’éclaire sa démarche commencée dès les années trente. Fondé sur la multitude des décrets nazis, le livre aborde tous les aspects du nazisme depuis les rôles respectifs de l’administration, de la police, de l’usage du droit et celui de la justice, de l’exploitation de la main d’œuvre, jusqu’au statut des Juifs. Lemkin fait légitimement figure de précurseur tant son tableau est riche et complexe, montrant le fonctionnement de la machine totalitaire et la perversion du droit, question centrale de l’histoire du XXe siècle.
Son combat a inspiré et suscité la Convention sur le génocide adoptée en 1948 par les Nations Unies au moment même où elles proclamaient la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le lecteur découvrira la vie tragique de Raphael Lemkin, personnage oublié pendant des décennies, grâce à la préface de Jean-Louis Panné, Rafal Lemkin ou le pouvoir d’un sans-pouvoir, qui ouvre ce recueil.
Né dans les confins de la Pologne du Nord-Est, en 1900, dans une famille juive, Raphael Lemkin décide d’abandonner ses études littéraires pour entreprendre une formation de juriste à la suite de sa découverte du massacre des Arméniens en 1915. Devenu avocat, il n’aura de cesse de faire progresser le droit international pour la répression des crimes de masses. Il participe à la préparation du procès des criminels de guerre à Nuremberg (1945-1946). Plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de la Paix, il décède, épuisé, en 1959.
Ancien secrétaire de Boris Souvarine et auteur d’une biographie de celui-ci (Boris Souvarine, le premier désenchanté du communisme, 1993), Jean-Louis Panné a collaboré ensuite avec François Furet, et a été avec Stéphane Courtois initiateur du Livre noir du communisme (1997). Il a publié le témoignage de Jankiel Wiernik : Une année à Treblinka (Vendémiaire, 2012). Éditeur chez Gallimard, il a conçu (entre autres) et réalisé le volume Marc Bloch, L’Histoire, La Guerre, la Résistance (collection Quarto).
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